Apparat critique

  • Texte édité
  • Témoin A
Pour citer cette page : Laboratoire de textes Norécrit, Actes des archevêques de Rouen (Eudes Rigaud) : n° p93état d’établissement du texte annoté par Émeline Mancel, sous la responsabilité de Grégory Combalbert, consulté le . [En ligne : ]

p93

1249, 8 avril – Déville[-les-Rouen]

Eudes, archevêque de Rouen, fixe les modalités du règlement d'un conflit qui l'oppose à Michel Lebicaut et son fils Geoffroy, à propos d'une terre située à Louviers et ses dépendances que possédait Richard Gobert, par sa défunte femme, que Michel et son fils disent avoir acheté pour cent-quarante livres tournois à qui elle devait revenir, Richard marié ou mort. Le prédécesseur de l'archevêque a saisi la terre dans sa main et désirait l'avoir, puisqu'elle revenait de droit à l'église et ne pouvait appartenir à personne d'autre. Or, du temps de la vente, P[ierre], archevêque de Rouen était absent et en prison [à Rome] ; une plainte a été faite auprès du sénéchal en pleine assise avec la charte de vente faisant foi, qu'après son retour il pourrait avoir la terre s'il la voulait pour prix. Et E[udes Clément], prédécesseur de l'archevêque, a fourni à Michel, en lieux et temps opportuns, le prix de la vente de la dite terre dans l'année de sa confirmation , [mais Richard la tenait dans ses mains et l'a spolié tant qu’il a vécu.] L'archevêque [actuel] voulant conserver en sa main la mainmise de ses prédécesseurs et tout le droit seigneurial, lesdits Michel et son fils disent au contraire que l'archevêque doit leur rendre librement la terre. Comme ils l'ont acheté d'héritage et en pleine assise, en présence du sénéchal qui était lors, les lettres de vente ont été lues, Geoffroy soutenant et disant que jamais une offre ne fut faite aux prédécesseurs de l'archevêque pour cette terre, qu'il avait le droit ainsi que son père de la posséder, l'ayant tous les deux achetée de moitié. L'archevêque, au contraire, soutient qu'aucun des deux ne pouvait faire une offre pour cette terre puisque Richard était encore marié. Afin de régler ce contentieux, les deux parties s'en sont remises à l'abbé de la Croix-Saint-Leufroy, dans le diocèse d'Évreux et à maître Guillaume [de Saâne], archidiacre du Vexin Français, selon ces modalités : avec le conseil et l'accord de maître Guillaume Landri, chanoine de Rouen et Amaury, seigneur de La Lieue, ils devront mener une enquête diligente afin d'établir la vérité et rapporter ce qu'ils auront vu. Les deux parties, promettent d'observer fermement l'ordonnance que les deux arbitres établiront d'un commun accord, sans aller à son encontre. Michel et son fils ont promis, pour eux et leurs héritiers, qu'ils tiendront et observeront cette ordonnance, prêtant serment corporellement sous peine de cent marcs d'argent que devront payer en sous leurs cautions, Jean dit Prévôt de Louviers, descendant de Michel, Pierre Lebicaut, Jean Lebicaut, Raoul Le Flamant, fils de Michel ; de même l'archevêque promet de bonne foi, pour lui et son église, qu'il servira et tiendra l'ordonnance.

Tableau de la tradition

Original

A. Original sur parchemin.

Format : carta transversa.

Dimensions : largeur 153 x hauteur 205 mm, dont repli 10 mm.

État de conservation : bon état.

Scellement : conservé, double queue de parchemin.

Sceau n° 1 : Sceau de l'archevêque, en navette, de cire brune, représentant la Vierge assise, tenant l'enfant Jésus debout sur ses genoux, un sceptre à la main droite, accostée de deux anges portant chacun un siège. Au-dessous l'archevêque, en pallium, priant.

Sceau n° 2 : Fragments de sceau en cire brune, probablement celui de Michel Lebicaut.

Contre-sceau n° 1 : Contre-sceau de forme ronde, représentant l'Annonciation de l'ange à la Vierge, entouré des lettres « Ave Maria [...] Ecce ».

Arch. dép. Seine-Maritime, G 977.

Copie(s) inutile(s)

B. Copie du xive siècle dans le cartulaire de l'archevêché de Rouen, dit de Philippe d'Alençon, sous la rubrique « Compromissum inter dominum archiepiscopum ex parte una et Michaelem le Biscaut et ejus filium super revocatione per bursam cujusdam venditionis. » Arch. dép. Seine-Maritime, G 7, fol. 377 recto-verso (vue 846).

Indication(s)

Scripta 2077

Mention dans un manuscrit du xviie siècle par Étienne Baluze. BnF, Baluze 75, fol. 125 verso.

Dissertation critique

Selon la Gallia Christiana (Gallia, t. xi, p. 637), en 1249 l'abbé de la Croix-Saint-Leuffroy était Pierre Ier de Hestreio.

Texte établi d'après A

Universis presentes litteras inspecturis, frater Odo, permissione divina Rothomagensis ecclesie minister indignus, ||2 salutem eternam in Domino Jesu Christo. Noveritis quod cum inter nos, ex una parte et Michaelem Lebicaut et Gau-||3-fridum, filium ejus, ex altera contentio verteretur super quadam terra sita apud Locum Veris et dicte terre appendentiis ||4 quam possidebat Richardus Goberti, ratione uxoris sue defuncte, quam terram dictus Michael et ejus filius ||5 emerant, ut dicebant, pro centum quadraginta libris turonensium a quodam ad quem devenire debebat dicta terra, ||6 ut dicebatur, predicto Richardo maritato vel mortuo ; et predecessor noster dictam terram in manu sua saisiisset et ||7 eam habere vellet, utpote quia de jure ecclesie sue erat, nec ad eos aliquo jure propinquitatis poterat pertinere, ||8 et maxime cum tempore venditionis venerabilis pater P., Dei gratia Albanensis episcopus, tunc temporis archiepiscopus Rothomagensis, ||9 absens in remotis ageret et in carcere sisteret, et protestatum fuisset a senescallo terre in plena assi-||10-sia, cum carte venditionis legerentur, quod post reditum ejus terram haberet si vellet pro pretio ; et dominus O., bone ||11 memorie, predecessor noster, pretium venditionis terre predicte infra annum confirmationis sue dicto Michaeli obtulerit, ||12 locis et temporibus oportunis et tempore illo cedente Richardo dicte terre predictam terram in manu sua tenuerit ||13 et spoliaverit quandiu vixit, et nos saisinam predecessoris nostri et totum dominium in manu nostra teneamus et habere ||14 velimus, dictis Michaele et ejus filio e contrario dicentibus quod nos eis dictam terram reddere libere debebamus. Cum eam ||15 emissent a vero herede et in plena assisia, littere venditionis coram senescallo qui tunc erat lecte fuissent et ||16 maxime dicto Gaufrido pro se allegante et dicente quod ei nichil unquam oblatum fuerat a predecessore nostro pro ||17 dicta terra, cum ipse tantum juris haberet ibidem quantum et pater suus, propter quod dicta oblatio facta patri quantum ad me-||18-dietatem suam prejudicare sibi non poterat nec debebat ; nobis e contrario allegantibus quod si nunquam sibi vel patri ||19 suo aliquid oblatum fuisset pro dicta terra modo etiam offerre poterat utrique de jure cum non sit adhuc annus ||20 quod dictus Richardus fuerit maritatus. Tandem, interveniente bonorum virorum consilio, nos et dictus Michael ||21 et filius ejus super contentione predicta amicabiliter compromisimus in venerabiles viros * abbatem de Cruce Sancti Leofri-||22-di, diocesis Ebroicensis, et magistrum Guillelmum, archidiaconum ecclesie nostre in Wlcasino Francie, in hunc modum : videlicet, quod ipsi, ||23 inquisita super premissis diligentius veritate, cum consilio et assensu magistri Guillelmi Landrici, canonici Rothomagensis, ||24 et domini Amaurici de La Lieue, dicant, ordinent et disponant super dicta contentione quod viderint expedire. ||25 Et nos dictum sive ordinationem quam ipsi duo arbitri cum unanimi consilio predictorum facient promisimus inviolabiliter ||26 observare, nec aliquo tempore contra venire ; quam ordinationem sive dictum promiserunt dicti Michael et filius ejus, ||27 pro se et suis heredibus, tenere et observare, fide prestita corporali et sub pena centum marcharum ar-||28-genti, de quibus dederunt plegios, Johannem dictum Prepositum, de Loco Veris, generum dicti Michaelis, Petrum Lebicaut, ||29 Johannem Lebicaut, Radulfum Le Flamant, filios ejusdem Michaelis, unumquemque in solidis. Et nos similiter illud idem ||30 servare et tenere promisimus bona fide pro nobis et ecclesia nostra. In cujus rei testimonium, nos et ipse Michael, pro ||31 se et filio suo, sigilla nostra presentibus litteris duximus apponenda. Datum apud Deivillam, feria quarta post ||32 Pascha, anno Domini millesimo cc° xl° nono.