Apparat critique

  • Texte édité
  • Témoin B
Pour citer cette page : Laboratoire de textes Norécrit, Actes des archevêques de Rouen (Eudes Rigaud) : n° p101état d’établissement du texte annoté par Émeline Mancel, sous la responsabilité de Grégory Combalbert, consulté le . [En ligne : ]

p101

1249, 22 décembre

Eudes, archevêque de Rouen, informe l’abbé de Saint-Ouen de Rouen qu’à la suite de sa visite au monastère comme part du devoir imposé par son office, il a trouvé certaines choses qu’il ne peut ni ne doit dissimuler et qui doivent être corrigées. Puisqu’il a trouvé que le Sacro-Saint corps du Christ, qui doit être surveillé avec soin et attention et avec respect et honneur suivant les clauses canoniques, était négligé, il ordonne que tous les efforts doivent être faits pour qu’il soit traité avec grand soin. De même il ordonne que les ornements d’autel inopportuns et peu honnêtes ainsi que les éléments matériels employés de manière démesurée enveloppant le corps du Christ doivent être enlevés et que chaque autel doit être laissé orné de manière décente. Ayant trouvé le service séculaire de l’église quelque peu perturbé, l’archevêque veut et statue que les services doivent être faits entièrement et honnêtement, tant les offices du jour et de la nuit selon l’ancienne coutume, à moins de recevoir une dispense. Comme il n’y a pas de distinction de personnes devant Dieu, l’archevêque mande à l’abbé que lorsque les moines viennent à ce dernier pour être admis dans le monastère, engagés sous sa charge, il écarte les revendications de parenté ou de pays et n’admette que ceux qui garantissent une observance religieuse rigoureuse et l’accomplissement de l’Office divin comme indiqué ci-dessus. Ayant appris que le prieur et les moines résidant dans les prieurés extérieurs mangent de la viande contrairement aux statuts de la Règle, l’archevêque enjoint l’abbé de remettre de la discipline dans cet excès afin d’éviter la vengeance de Dieu et de l’archevêque. Aucun des moines assignés à l’office divin ne doit avoir de suspicion de mal ; il interdit qu’aucun moine, sans société honnête et sans autorisation de celui qui, selon la règle peut lui concéder, se permette de quitter seul l’abbaye pour la ville. S’il se le permet, il se verra privé de consommer du vin pendant deux vendredi de suite, en plus des autres peines prévues selon la Règle. Comme beaucoup de défaillances ont été observées autour de l’observance du jeûne selon la Règle, certains mangeant dans la chambre, l’archevêque interdit à quelque moine qu’il soit de se soustraire à la règle sans un digne prétexte, sans quoi il sera puni par la peine susdite. De même il interdit qu’aucun moine ne loge seul dans aucune des maisons religieuses ou aucun des prieurés [dépendants de l’abbaye], et s’ils ont l’habitude d’être plus deux dans le prieuré, ce nombre doit être maintenu afin que le culte divin ne soit pas diminué mais augmenté. Les aumônes, dont l’archevêque a compris qu’elles avaient été diminuées, doivent être rapportées à l’ancien montant ou augmentées si possible et doivent être distribuées selon ce que pourront soutenir les ressources du monastère. L’archevêque ordonne que si le monastère possède les statuts du pape Grégoire [IX] par écrit, ceux-ci doivent être lus en latin et en gaulois comme cela est requis ; et s’il ne dispose pas des écrits, il mande à l’abbé de les faire écrire dans le mois après réception de cette lettre puis de les faire lire dans le chapitre ; les règles contenues dans ces statuts doivent être fermement observées, spécialement en matière des confessions que l’abbé doit faire chaque mois et spécialement en matière de l’audit des comptes qu’il doit effectuer en présence de frères soigneusement choisis pour ce but par la communauté, au moins trois fois dans l’année. De même, l’archevêque ayant trouvé que celui qui doit distribuer les vêtements neufs aux autres n’était pas compétent pour rendre à temps les vêtements et puisque ceux qui les reçoivent ne rendent pas les vieux habits à réception des nouveaux, il ordonne que les statuts de la Règle en la matière soient fermement observés sans favoritisme. Il ordonne aussi que les choses nécessaires soient convenablement et bien administrées à l’infirmerie, selon ce qu’exige l’infirmité et selon ce que les ressources de la maison peuvent soutenir. Cette même réglementation doit être observée pour les hôtes. Puisque le monastère pourrait subir des dommages en raison de la manière dont le sceau du chapitre est gardé, l’archevêque ordonne que deux clés doivent être confiées à deux honnêtes et fidèles religieux élus par le chapitre, la troisième étant gardée l’abbé. Comme nul moine ne peut posséder quelque chose ou considérer quoi que ce soit comme propre, l’archevêque statue qu’aucun ne reçoive de cadeau ni ne s’en attribue sans l’accord de l’abbé. Et pour éviter que quelqu’un ne tente de s’excuser d’avoir négligé l’une ou l’autre des charges ci-dessus sous prétexte d’ignorance, il ordonne que cette ordonnance soit lue au moins une fois par mois aux frères du chapitre ; si l’archevêque venait à retrouver de la négligence ou de la rébellion, il s’occupera de lui de manière à ce que la punition soit source de terreur pour les autres. Si l’abbé ou le prieur, présidant sur le chapitre, venait à négliger une partie de l’ordonnance, ils seront encore plus gravement punis.

Tableau de la tradition

Original

A. Original perdu.

Copie(s) utile(s)

B. Copie de la seconde moitié du xiiie siècle dans le registre des visites de l'archevêque de Rouen Eudes Rigaud. BnF, ms latin 1245, fol. 26 recto-verso.

Dissertation critique

L'acte n'est pas daté. Il est placé au fol. 26 du registre des visites entre le 3 et le 2 des kalendes de janvier (30 et 31 décembre), alors que le texte du 11 des kalendes de janvier (22 décembre) 1249, plus haut sur la même page, indique : « Ipsa die, fuimus apud Sanctum Audoenum, et fecimus ordinacionem secundum ea que inventa fuerunt per visitacionem nostram ibidem. Ordinacio continetur inferius. » La date retenue pour cet acte est donc le 22 décembre 1249.

Texte établi d'après B

Frater Odo, permissione divina Rothomagensis ecclesie minister indignus, dilectis filiis * abbati et conventui Sancti Audoeni Rothomagensis, salutem eternam in Domino Jesu Christo. Ad vestrum monasterium ex injuncto nobis officio pacis accedentes visitacionis officium impensuri, quedam ibidem invenimus corrigenda que sub dissimulacione transire nolumus nec debemus. Cum igitur Sacrosanctum et venerabile corpus Christi, quod cum omni cura et diligencia custodiendum est et cum reverencia et honore juxta canonicas sanctiones, minus honeste pendere invenimus et servari, volumus et statuimus quod circa predicta cura omnimoda adhibeatur. Item volumus et statuimus quod amotis incompetentibus et inhonestis altarium ornamentis et maxime corporalibus, in quibus involvitur verissimum corpus Christi, mundis et decentibus singula altaria muniantur. Item cum non sit acceptis invenerimus antiquum ecclesie servicium in aliquibus deturbatum, volumus et statuimus quod integre et honeste fiat tam diurnum quam diurnum [sic] [nocturnum] officium, secundum antiquam consuetudinem, nisi vobis super premissis alias fuerit dispensatum. Item cum non sit personarum acceptio apud Deum, volumus et tibi abbas precipimus ut, cum in monasterio tibi commisso aliqui recipiendi seu instituendi fuerint monachi, carnis et patrie affectione remota, tales recipias per quos religionis observancia vigere valeat, et divinum fiat officium secundum quod superius est expressum. Item cum intellexerimus tam priores quam monachos in prioratibus commorantes in esu carnium contra statuta regule peccare continue, tibi, abbas, injungimus ut excessus hujusmodi corrigere non postponas, si Dei et nostram evadere volueris ultionem. Item ne de monachorum personis qui divinis deputati sunt officiis, aliqua mala suspicio habeatur ; inhibemus ne aliquis monachus, absque societate honesta et sine licencia illius qui secundum regulam potest ei concedere, abbatiam exire vel per villam solus incedere presumat ; quod si presumpserit, per duas sextas ferias sequentes a vino abstineat, preter alias penas sibi secundum regulam infligendas. Item, cum circa observanciam jejunorum regule multos invenerimus delinquentes et maxime itinerantes, et alios in cameris comedentes, inhibemus ne aliquis, alicujus officii seu dignitatis pretextu ab hujusmodi observancia contra regulam eximatur, et qui in hoc invenietur culpabilis puniatur per penam superius annotatam. Item inhibemus ne aliquis monachus in aliquo vestrorum solus locorum vel prioratuum solus commoretur, et si plures quam duo in aliquo vestrorum prioratuum esse consueverint, ipsorum numerum suppleri volumus et mandamus, cum divinum cultus minui non debeat sed augeri. Elemosina autem que fuit sicut intelleximus diminuta, more solito vel largius si commode possit fieri, distribuatur secundum quod sustinere poterunt vestri monasterii facultates. Item, inhibemus districtius ne pensiones dentur decetero alicui persone, nisi inconveniente auctoritate apostolica vel licencia superioris, cum hujusmodi pensionibus intellexerimus vestrum monasterium multipliciter aggravatum. Item volumus quod si statuta felicis memorie Gregorii pape habetis in scriptis, ea prout ibidem statutum est, legi latinis verbis et gallicis faciatis ; quod si ea non habeas, tibi abbas, injungimus ut infra mensem post susceptionem presencium, eadem scribi facias et secundum quod dictum est, in capitulo legi, et que ibidem scripta sunt facias firmiter observari et maxime quantum ad confessiones singulis mensibus faciendas, et quantum ad computaciones quas coram aliquibus a conventu specialiter deputatis, ad minus ter in anno, fieri volumus et mandamus. Item cum illum qui vestes novas tenetur aliis dare, invenimus non competenti tempore reddere quod tenetur, et eos qui recipiunt non reddere veteres in receptione novarum, volumus quod circa hec, absque personarum acceptione, statuta regule firmiter teneantur. Item statuimus quod in infirmaria honeste et bene necessaria ministrentur, prout eorum infirmitas exiget et statuta domus poterunt sustinere. Item idem statuimus circa hospites observandum. Item cum de custodia sigilli capituli dampnum non modi cum monasterio provenire, statuimus ut due claves ipsius tradantur duobus honestis, fidelibus et religiosis personis a conventu communiter eligendis, tercia vero ab abbate servetur. Item cum nullus monachus proprium habere debeat vel aliquid proprium reputare, volumus et statuimus quod nullus aliquid munus recipiat ab alio vel alii conferre presumat sine sui abbatis licencia speciali. Et ne aliquis de negligencia premissorum ignorancie velamine se valeat excusare, volumus quod presens ordinatio quolibet mense semel in capitulo presentibus fratribus perlegatur ; scituri quod si quem circa premissa negligentem invenerimus aut rebellem, ipsum taliter puniemus quod pena unius erit aliis in terrorem. Si vero abbas vel prior qui presunt capitulo, in hac parte negligentes extiterint, nos ipsos gravius puniemus.