Apparat critique
- Texte édité
- Témoin B
p109
1250, 27 août
Eudes, archevêque de Rouen, informe Jean, doyen du diocèse de Coutances, que de par son devoir il a visité la province de Coutances, s'est rendu à l’abbaye de Cherbourg et a trouvé certains points à corriger sur lesquels il ne peut pas tergiverser et qu'il ne peut ni ne doit négliger. Il ordonne et statue que sur le territoire de la clôture soit placé un gardien diligent, qui tiendra à l’écart les séculiers, dans la mesure du possible. Que les portes du choeur soient gardées closes, afin que les séculiers, principalement les femmes, ne s’y introduisent pas, et ce pour ne pas entraver le culte divin et perturber la communauté. De même comme la loi le requiert, il adjoint que le chanoine logeant seul à Barfleur revienne dans la clôture ou qu'il lui soit donné un socius honnête et compétent. L’archevêque demande instamment que soit nommé un clerc pour recevoir hôtes et pourvoir à leurs besoins comme il convient. Que l'abbé, en présence du convent ou toute autre personne élue pour cela, rende état des comptes du monastère au moins deux fois par an. De même que le bailli présente les comptes des dépenses et des recettes à l’abbé au moins une fois par mois, en présence d’un membre du convent élu à cet effet. Pour diverses raisons, l’archevêque veut que le bailli actuel soit démis de ses fonctions et qu'en aucun cas il n’y soit reconduit sans son autorisation spéciale. Qu’un clerc soit désigné pour percevoir le blé à mesure qu’il est apporté, le mesurer, le stocker de manière mesurée dans un grenier et présenter un état complet de la consommation de céréales chaque mois. Que les malades de l’infirmerie soient correctement accompagnés et soignés selon ce qu’exige leur nécessité et selon ce que permettent les ressources du monastère. L’archevêque impose à l'abbé, plus régulièrement qu’il ne le fait, de se conformer à la coutume du convent dans l'église, le cloître, le réfectoire, le dortoir et autres lieux où ils doivent être, comme l’exige son devoir. Il interdit à l’abbé d’avoir des chiens, excepté ceux utilisés pour chasser les perdrix ; l’abbé ayant promis s’en débarrasser sous un mois. Il doit également se débarrasser de son personnel sans honneur, de même que des serviteurs superflus dont l'archevêque a entendu parler. L’archevêque veut et ordonne que l’abbé choisisse pour lui une autre chambre, qui ne pourra être atteinte par aucun laïc depuis le cloître, afin que celle qu'il occupe actuellement soit utilisée comme infirmerie.
Tableau de la tradition
Original
A. Original perdu.
Copie(s) utile(s)
B. Copie de la seconde moitié du xiiie siècle dans le registre des visites de l'archevêque de Rouen Eudes Rigaud.
Dissertation critique
L'acte n'est pas daté : il est placé dans le registre des visites au 4 des nones de septembre (2 septembre) 1250. Ce même registre indique que l'archevêque s'est rendu au monastère le 6 des kalendes de septembre, soit le 27 août 1250. Il y note : « Ibi sunt xxvii canonici. Apud Barbelleu moratur solus canonicus ; ordinavimus quod revocetur, vel detur ei socius. Omnes sunt sacerdotes, preter sex. Seculares passim intrant claustrum ; statuimus quod apponatur custos ad hostium claustri et quod seculares arceantur a claustro. Item, mulieres intrant, ecclesiam, usque ad altare ; ordinavimus quod arceantur omnino et teneantur hostia clausa, ne introeant. Non est aliquis institutus qui recipiat hospites ; ordinavimus quod aliquis ad hoc statuatur. Habent in redditibus circa dccc libras. Abbas non computat de statu domus ; statuimus quod baillivus quolibet mense computet cum abbate, coram aliquibus electis a conventu parliculariter, et generaliter bis in anno. Invenimus quod bladum non mensurabatur in reposicione orreorum ; statuimus quod aliquis canonicus recipiat dicta blada, et mensuret. » C'est à cette date du 6 des kalendes de septembre que Th. Bonnin place l'acte dans son édition (Bonnin, p. 89-90) et c'est cette date qui est retenue pour la présente édition.
Texte établi d'après B
Frater Odo, permissione divina Rothomagensis ecclesie minister indignus, dilecto filio viro venerabili magistro Johanni, archidiacono Constanciensis ecclesie, salutem eternam in Domino Jesu Christo. Ex officii nostri debito, visitando nostram provinciam, ad ecclesiam de Cesaris Burgo accedentes. Ibidem invenimus reformanda que sub tergi versacione [sic] [tergiversacione] pertransire volumus nec debemus. In primis, ordinamus quod ad officium claustri apponatur custos diligens, qui seculares arceat quantum poterit bono modo. Item statuimus quod chori claudantur ostia, ita quod seculares non introeant et maxime mulieres, que divinum officium impediunt et conventum. Item, prout juris est, injungimus quod canonicus qui solus est apud Bareflou revocetur ad claustrum, vel ei detur competens socius et honestus. Item injungimus quod statuatur aliquis canonicus qui hospices recipiat et eisdem provideat sicut decet. Item statuimus quod * abbas, coram conventu vel aliquibus ab ipso electis, de statu monasteri computet de cetero bis in anno ad minus. Item quod baillivus de misiis et receptis, coram aliquibus similiter a conventu electis, semel in mense ad minus computet cum * abbate. Item volumus, ob causas aliquas, quod ballivus a ballivia absolvatur, ad ipsum nullatenus assiresumendum, nisi de nostra licencia speciali. Item, volumus quod canonicus aliquis statuatur qui blada, cum venerint, recipiat cum mensura et reponat in horrea mensurata et de expensa bladorum quolibet mense reddat plenius racionem. Item statuimus quod infirmi in infirmitorio bene et honeste exhibeantur, prout eorum exiget necessitas, secundum monasterii facultates. Item abbati injungimus ut, melius quam consueverit, sequatur conventum in ecclesia, claustro, refectorio, dormitorio et aliis, prout debet. Item quod canes non habeat ; inhibemus nisi canes tantummodo ad perdices. Immo, prout promisit nobis ipsos prorsus abiciat infra mensem. Item, quod familiam inhonestam eiciat, et superfluos servientes quos hactenus dicitur habuisse. Item volumus et ordinamus quod aliam sibi cameram eligat, que per claustrum a secularibus nullatenus adeatur, et illam quam modo habet, pro infirmatorio habeatur.