Apparat critique

  • Texte édité
  • Témoin A
Pour citer cette page : Laboratoire de textes Norécrit, Actes des archevêques de Rouen (Eudes Rigaud) : n° p150état d’établissement du texte annoté par Émeline Mancel, sous la responsabilité de Grégory Combalbert, consulté le . [En ligne : ]

p150

1257, 18 juillet – Rouen

Eudes, archevêque de Rouen, règle un contentieux entre lui, pour lui et l’église de Rouen et l’abbé et le convent de Saint-Ouen de Rouen, pour eux et leur monastère, à propos d’indulgences et de grâces que l’abbé et l’archevêque ont obtenu du Saint-Siège et sur la confirmation de ces indulgences. Avec une volonté de trouver un compromis qui satisfasse les deux parties et fasse retrouver paix et concorde, il a été convenu ce qui suit : A l’abbé et à ses successeurs il a été accordé à perpétuité par le Saint-Siège la faculté de porter la mitre, l’anneau, la tunique, la dalmatique, la (chasuble) et les sandales ainsi que le pallium et autres ornements ecclésiastiques et de conférer la tonsure aux ordres mineurs. L’abbé et ses successeurs pourront, sans l’accord de l’archevêque ni son opposition, porter la mitre, l’anneau, la tunique, la dalmatique, [la chasuble] et les sandales, le pallum et les ornements dans leur monastère, les prieurés de sa dépendance et autres lieux de la ville et le diocèse de Rouen qui sont sous leur juridiction épiscopale. Ils ne pourront conférer la tonsure aux ordres mineurs que s’ils relèvent de leur juridiction épiscopale et sont situés dans la ville ou le diocèse de Rouen. De même que l’abbé et ses successeurs, à perpétuité, en présence de l’archevêque ou de ses successeurs ne pourront porter les ornements pontificaux et ils ne pourront les porter que dans les endroits où la juridiction épiscopale leur est réservée. Une concession a été remise par le Saint-Siège aux religieux de Saint-Ouen : si les abbés de la Croix-Saint-Leuffroy et des Préaux, dans les diocèses d’Évreux et de Lisieux venaient au monastère, ils pourraient, comme l’exige le Saint-Siège, prendre les revenus des églises vacantes sous le patronage de l’abbaye jusqu’à cinq-cents marcs sterlings afin de payer les dettes du monastère. Les provisions de ces églises ne devront pas faire l’objet de fraudes et la cure des âmes ne devra pas y être négligée. [Il est ordonné, entre l’archevêque et les religieux de Saint-Ouen que les exécuteurs pourront percevoir les revenus desdites églises dans la ville et le diocèse de Rouen qui seront vacantes dans le futur la première année, après le déport de l’archevêque et de l’archidiacre, jusqu’à une somme de cinq-cents marcs, mais les religieux ne pourront rien percevoir des revenus qui reviennent à l’archevêque.] Alors que l’abbé avait obtenu du pape que l’autel paroissial soit desservi par un frère de la communauté, il devra être desservi par un clerc séculier. Concernant l’église Saint-Vivien, dont le droit de patronage est revendiqué par l’abbaye et accordé par le Saint-Siège, [les religieux ne peuvent s’en réserver la portion congrue qui doit aller à l’entretien du vicaire]. Les religieux et leurs successeurs percevront à perpétuité, sur l’autel paroissial de Saint-Ouen et sur l’église Saint-Vivien cent livres tournois annuellement. Chaque fois que l’autel paroissial ou l’église Saint-Vivien seront vacants, les religieux percevront un droit de déport après celui qui est dû à l’archevêque. Sur la pension annuelle de cent livres, lesdits religieux percevront trente livres sur l’autel paroissial de Saint-Ouen et soixante-dix sur l’église Saint-Vivien par la main des recteurs de l’autel et de l’église selon les termini impartis : la veille de la Toussaint un quart, la veille de la circoncision du Seigneur un quart, à l’octave de Pâques un autre quart, et le dernier quart la veille de la nativité de saint Jean-Baptiste. Les deux parties veulent, concèdent et approuvent cet accord, promettant chacun de le respecter, eux et leurs successeurs, de ne pas le violer, de le servir et de le protéger contre ceux qui s’y opposeraient. Les religieux et l’archevêque renoncent aux privilèges, indulgences et grâces apostoliques. […] Cet accord ne devra porter aucun préjudice aux autres diocèses sur lesquels les grâces et privilèges pouvaient s’appliquer.

Tableau de la tradition

Original

A. Original sur parchemin.

Format : carta non transversa.

Dimensions : largeur 570 x hauteur 310 mm, dont repli 20 mm.

État de conservation : Abîmée dans le coin inférieur droit avec des traces d'usure et d'humidité.

Scellement : conservé, double queue de parchemin.

Sceau n° 1 : Sceau en navette en cire verte.

Sceau n° 2 : Sceau en navette en cire verte.

Au dos, d’une écriture contemporaine : « Compositio inter nos et archiepiscopum et capitulum ecclesie Beate Marie Rothomagensis de ecclesia Sancti Viviani. »

Arch. dép. Seine-Maritime, 14 H 158.

Copie(s) inutile(s)

B. Copie sur parchemin dans un vidimus du conseiller royal donné en 1444. Arch. dép. Seine-Maritime, 14 H 466.

C. Copie dans un manuscrit de la fin du xviie-début du xviiie siècle par Roger de Gaignières, reprenant des chartes de l'abbaye Saint-Ouen de Rouen. BnF, Latin 5423, p 89.

Dissertation critique

« En 1254, les moines, patrons de la paroisse, ont obtenu du pape l’autorisation de faire desservir l’autel paroissial par l’un des leurs. Craignant de perdre tout contrôle sur la desserte de cette église, et en particulier sur le droit de déport, l’archevêque Eudes Rigaud s’est violemment opposé à cette décision et a obtenu, après trois ans de conflit, de l’abbé que l’autel paroissial de Saint-Ouen demeure desservi par un clerc séculier. » GC, Gouverner l'église, p. 471

« L’an 1256, le même Alexandre [IV] adressa une bulle aux abbés de Saint-Leuffroy et de Préaux, par laquelle il leur ordonnoit qu’attendu que la communauté de l’abbaye de Saint-Ouen avoit souffert de grandes pertes et dommages par l’incendie qui l’avoit désolée, par la stérilité de ses vignes qui font une bonne partie de son revenu et par quantité d’autres accidents funestes ; et qu’elle avoit été obligée de contracter plusieurs dettes et de faire des emprunts dont les intérêts la pourroient à la fin ruiner entièrement, ils eussent à arrêter et à recueillir en vertu de la commission qu’il leur donnoit les revenus des églises dépendantes de l’abbaye de Saint-Ouen, qui sont en grand nombre, lorsqu’elles viendroient à être vacantes jusqu’à la somme de 500 marcs sterlings d’argent, qu’ils employeraient à acquitter les dettes de ladite abbaye, faisant en sorte toutefois que lesdites églises vacantes dussent bien et dument deservies. » Pommeraye, Histoire de l'abbaye royale..., p. 279.

« Les religieux abbé et convent de Saint-Ouen ayant remonté au pape Alexandre IV que leur monastère avoit souffert de grandes pertes et estoit notablement incommodé, il leur avoit permis qu'au jugement des abbés de la Croix Saint Leufroy et de Préaux, ils pussent lever une somme de 500 marcs sterling d'argent sur les bénéfices dépendant de l'abbaye de Saint-Ouen, en forme de déport : ce que l'archevêque modifia sous certaines conditions. Le troisième point est touchant les paroisses de Sainte-Croix, Saint-Ouen et Saint-Vivien auxquelles les religieux devoient mettre un religieux pour curé, conformément à la permission du Saint-Siège, ce que Rigaud avait empêché, les ayant seulement réglés à une pension sur chacune des deux paroisses. » Pommeraye, Histoire de l'abbaye royale..., p. 443.

Texte établi d'après A

Frater Odo, permissione divina Rothomagensis minister indignus et ejusdem ecclesie capitulum, universis presentes litteras inspecturis, salutem eternam in Domino Jesu Christo. Noverit universita vestra quod cum inter nos, pro nobis et ecclesia nostra Rothomagensi ex una parte et viros religiosos abbatem et conventum Sancti Audoeni Rothomagensis, pro se et monasterio suo predicto ex altera, ||2 contentio seu discordia verteretur super quibusdam indulgentiis seu gratiis nobis archiepiscopo et dicto abbati nostrisque et ipsius successoribus a sede apostolica concessis, ac super quadam confirmatione dictarum indulgentiarum seu gratiarum ipsorum religiosorum a dictis religiosis et quadam revocatione certisque declarationibus earumdem gratiarum et indulgentiarum a nobis archiepiscopo ab eadem sede postmodum im-||3-petratis. Tandem de bonorum virorum consilio, volentes hinc inde utriusque partis parcere laboribus et expensis et concordie et paci earumdem amicabiliter et salubriter providere inter nos, pro nobis et ecclesia nostra Rothomagensi ex una parte et dictos * abbatem et conventum, pro se et monasterio suo ex altera ; super dicta contentione seu discordia [co]mpositum et ordinatum realiter extitit ||4 in modum inferius annotatum. Videlicet quod cum dicto * abbati suisque successoribus in perpetuum a sede apostolica plena fuisset concessa facultas utendi mitra, anulo, tunica, dalmatica, cirothecis et sandaliis, ac benedicendi pallas altaris et alia ecclesiastica ornamenta, primam tonsuram ac minores ordines conferendi. Memoratus abbas sui que successores, in perpetuum uti ||5 poterunt concessione predicta, sine nostra vel successorum nostrorum contradictione vel impedimento quolibet in hac forma ; scilicet mitra, anulo, tunica, dalmatica, cyrothecis et sandaliis, ac benedictione pallarum et ornamentorum dictorum in monasterio suo et prioratibus eisdem subjectis et aliis locis civitatis et dyocesis Rothomagensis si qui sint in quibus ecclesiastica et quasi episcopalis jurisdictio ||6 pertineat ad eosdem, alibi autem in civitate et dyocesi Rothomagensi concessione predicta aliquatenus non utentur ; solisque conversis sui monasterii et hiis qui ad illud convolaverint et in quos ecclesiasticam et quasi episcopalem juridictionem obtinent, si qui sint civitatis et dyocesis Rothomagensis dumtaxat conferre poterunt tonsuram et ordines memoratos. Item tamen quod abbas ||7 predictus sui que successores, in perpetuum, in nostra archiepiscopi vel successorum nostrorum presentia etiam in prefatis monasterio, prioratibus atque locis uti non poterunt mitra, anulo, ceteris que pontificalibus indumentis seu ornamentis predictis, nisi de nostra vel successorum nostrorum qui pro tempore fuerint speciali licentia expresse superhoc sibi facta ; nisi forte absque fraude sive mali-||8-cia dictus abbas vel sui successores essent ante adventum nostrum, vel successorum nostrorum dictis pontificalibus insigniti in locis in quibus per hanc compositionem seu ordinationem ipsis permittitur uti pontificalibus memoratis. Item cum indultum fuisset a sede apostolica religiosis eisdem quod, si viri religiosi de Cruce Sancti Leufredi et de Pratellis abbates, Ebroicensis et ||9 Lexoviensis dyocesis, invenirent dictum monasterium Sancti Audoeni Rothomagensis adeo debitis obligatum quod ad exhonerationem ipsius esset providentia sedis apostolice oportuna, de proventibus ecclesiarum ad patronatum dicti monasterii Sancti Audoeni spectantium quas vacare contingeret ad manus ipsorum abbatum usque ad quingentas marchas stellingorum per se vel per ||10 alios recipere ac in solutionem hujusmodi debitorum totaliter convertere, de ipsius abbatis Sancti Audoeni conscientia prcurarent [sic] [procurarent] . Proviso ut per hoc eedem ecclesie nequaquam debitis fraudentur obsequiiis et in eis animarum cura nullatenus negligatur. Ordinatum est inter nos et dictos abbatem et conventum Sancti Audoeni pariter et consensum, quod dicti ||11 executores cum aliquam seu alitquas, de predictis ecclesiis in civitate et dyocesi Rothomagensi vacate contingerit in futurum, vel si que vacent ad presens tantum, primo anno post nostram archiepiscopi et archidiaconorum Rothomagensium ecclesie deportationem, occasione hujusmodi indulgentie proventus percipiant earumdem ; ita quod postquam de proventibus hujusmodi primi ||12 anni aliquarum ecclesiarum ipsarum usque ad summam quingentarum marcharum stellingorum perceperint, nichil perc[i]pere poterunt de proventibus aliarum que etiam taliter declarantur in litteris a nobis archiepiscopo ante compositionem seu ordinationem hujusmodi a sede apostolica impetratis. Preter hec cum a prefata sede apostolica sepedictis religiosis Sancti Audoeni fuisset ||13 indultum, quod cedente vel decedente rectore altaris parrochialis, quod in eorum consistit monasterio facerent in eo pro unum de suis fratribus deserviri nec tenerentur decetero ad ipsum presentare clericum secularem. Quam indulgentiam per alias litteras apostolicas posteriores a nobis archiepiscopo impetratas, dicebamus penitus revocatam concessa que esset eisdem [in perpetu]-||14-um ab eadem sede, et per ipsos eorum monasterio, ecclesia parrochialis Sancti Viviani Rothomagensis, cujus jus patronatus ad ipsos dicitur pertinere in usus proprios eorumdem, ita ut ejus cedente vel decedente rectore possessionem ipsius ecclesie auctoritate apostolica, nullius requisito consensus possent ingredi corporalem reservata portione congrua de ipsius ecclesie proven ||15tibus vicario in ipsa ecclesia perpetuo servituro. Quam concessionem intendebamus per alias litteras apostolicas a nobis superhoc impetratas loco et tempore multipliciter impugnare. Super indulgentia et concessione predictis, revocatione ceteris que litteris apostolicis super dictis altari et ecclesia Sancti Viviani hincinde a sede apostolica impetratis, inter nos et abbatem ||16 et conventum Sancti Audoeni predictos, ordinatum est compositum et concessum, quod dicti religiosi et eorum successores in perpetuum percipient in altari parrochiali Sancti Audoeni, quod vacat ad presens et in ecclesia Sancti Viviani predicta, annis singulis postquam vacaverit centum libras turonensium nomine pensionis computatis, in hac summa pensioni-||17-bus et obventionibus omnibus, quas dicti religiosi percipiebant tempore compositionis et ordinationis hujusmodi in eisdem. Ita tamen quod quocienscumque dictum altare parrochiale vel ecclesiam Sancti Viviani predictam vacare contigerit, dicti religiosi tempore consuete deportationis nichil percipient de pensionibus antedictis, preter id quod percipiebant ante com-||18-positionem vel ordinationem presentem in altari et ecclesia suprascriptis, sed omnes ejusdem altaris dicte que ecclesie Sancti Viviani redditus et proventus durante deportatione. Nos archiepiscopus et archidiaconus Rothomagensis integre percipiemus, sicut percipiebamus [ante] assignationem seu constitutionem hujusmodi pensionis. De pensione autem ||19 annua centum librarum predicta, dicti religiosi percipient singulis annis in altari Sancti Audoeni predicto tringinta libras turonensium et in dicta ecclesia Sancti Viviani septuaginta libre turonensium, per manus rectorum ipsorum altaris et ecclesie predictorum computatis [in hiis antiquis] pensionibus ut dictum est terminis infrascriptis, videlicet in crastino Omnium sanctorum ||20 quartam partem pensionis, in crastino Circonsisionis Domini quartam partem, in octavis Resurrectionis ejusdem quartam partem, et in crastino Nativitatis beati Johannis baptiste, residuam quartam partem. Hanc autem compositionem seu ordinationem, pro ut per omnes et singulos articulos superius scripta est et expressa, nos et predicti religiosi volu-||21-mus, concedimus, approbamus pariter et firmamus, promittentes hincinde bona, fide pro nobis et successoribus nostris, nos ipsam in perpetuum inviolabiliter servaturos et contra ipsam vel ipsius aliquid aliquatenus non venituros : renuntiantes tam nos [quam dicti religiosi specialiter et expresse omnibus] indulgentiis, graciis, privilegiis et quibuslibet ||22 litteris apostolicis, impetratis et impetrandis, datis seu concessis et dandis seu concedentis, cujuscumque tenoris existant vel future sint ; per quas sive que hujusmodi compositio sive ordinatio posset, in toto vel in parte, tolli, ledi vel infringi, seu aliquatenus [impugnati. Hoc salvo quod per compositionem, ordinationem ac] renunciationem predictas, ||23 dictis religiosis vel eorum privilegiis, gratiis seu indulgentiis nullum quo ad alios prelatos penitus prejudicium generetur quominus in eorum dyocesibus eisdem privilegiis, graciis et indulgenciis plene ac libere possint uti sicut poterant, antequam inter nos [et ipsos fierent compositio, ordinatio et renunciatio memorate.] Promittimus ||24 insuper nos non juvaturos aliquos, si qui forte dictis religiosis, super dictis graciis seu indulgentiis moverint questionem : hoc salvo quod nos et successores nostri poterimus dictis adversariis exhibere nostra privilegia, si viderimus expedire. In cujus rei testimonium et munimen ac robur perpetuum sigilla nostra ||25 presentibus litteris duximus apponenda. Actum Rothomagi, die merccurii [sic] [mercurii] ante festum beate Marie Magdalene, anno Domini millesimo ducentesimo quinquagesimo septimo.