Apparat critique
- Texte édité
p47
1239 (n. st.), mars – Vernon
Pierre, archevêque de Rouen, notifie que Jean d’Estrées, ayant comparu devant lui, a reconnu que Blanche, reine de France, lui a acheté toute la dîme qu’il avait à Magnitot, proche de Magny[-en-Vexin] pour le bien et au profit de l’abbaye [de Maubuisson] qu’elle venait de fonder à Pontoise, pour la somme de soixante-sept livres parisis et demi. Ledit Jean a promis, pour lui et pour ses héritiers, en prêtant serment corporellement, qu’il n’irait jamais contre cette vente, par lui ou par d’autres et qu’il ne réclamerait rien sur cette dîme à l’avenir, mais qu’il la garantira au contraire à l’abbaye. De même Jeanne, femme de Jean, également en présence de l’archevêque, a accordé et promis en engageant sa foi qu’elle n’irait pas contre ladite vente, par elle ou par d’autres et qu’elle n’en réclamera rien, pour son douaire ou pour quelque autre raison. Elle a ainsi déclaré que son mari lui assigné un revenu suffisant pour sa dot. Le curé de Saint-Gervais, paroisse dans laquelle sont situées les dimes en question, en présence de l’archevêque, a donné son consentement à la vente de la dîme ; il a voulu et accordé que l’abbaye en jouisse librement et paisiblement et qu’elle la tienne à perpétuité. Il a promis de ne pas s’y opposer, par lui ou par d’autres ni de rien réclamer sur la dîme future. Étienne d’Estrées, écuyer, frère dudit Jean d’Estrées, [seigneur] du fief dans lequel se trouve la dîme, en présence de l’archevêque, a accordé et accepté la vente et quitté à perpétuité tous les droits qu’il pouvait avoir dans ladite dîme, en raison de son fief ou pour toute autre raison. Il a promis, pour lui et pour ses héritiers, de garantir la dîme à l’abbaye et de n’en rien réclamer. L’archevêque confirme et accorde la vente de la dîme à l’abbaye de [de Maubuisson], afin qu’elle la possède librement et paisiblement.
Tableau de la tradition
Original
A. Original perdu, autrefois scellé d'un sceau péiscopal en cire verte.
Indication(s)
Acte perdu, connu par sa copie en français au xviie siècle dans le cartulaire de l'abbaye de Maubuisson (
Dissertation critique
L’édition du cartulaire de 1890 mentionne un original scellé mais il n’a pas été retrouvé dans le carton correspondant. La restitution du texte de l'acte est proposée à partir de la copie en français dans le cartulaire de l'abbaye (Arch. dép. Val-d'Oise, 72 H 6/3).
« A tous ceux qui ces presentes lettres verront, Pierre, par la grace de Dieu archevesque de Rouen, salut au Seigneur. Scachent tous que Jean dEstrées, comparant personnellement pardevant nous, a recogneu que tres excellente dame Blanche, par la grace de Dieu reyne illustre de France, a achepté de luy pour le bien et profict de sa nouvelle abbaye et au nom d’icelle, que laditte dame reyne a fondée a Pontoise, toutte la dixme qu’il avoit a Magnetot, proche de Magny et tout le droit qu’il avoit ou pouvoit avoir en icelle, moyennant la somme de soisante et sept livres et demie parisis, qui luy ont esté payé et comptes ainsy qu’il la declaré en nostre presence. Et a promis, pour soy et pour ses heritiers, par la foy de son corps qu’il a engagé de n’aller jamais a l’advenir contre laditte vente, par soy ou par autres et qu’il ne reclamera rien a ladvenir dans laditte dixme, mais qu’ycelle il garantira a laditte abbaye, envers et contre tous. Et Jeanne, femme dudict Jean, estant semblablement en nostre presence, a laditte vente voulu, loüée et accordée et a promise par sa foy qu’elle nous a engagée, qu’elle n’ira a ladvenir contre laditte vente, par soy ou par autres et qu’elle ny reclamera rien pour raison de son douaire ou pour quelque autre raison que ce soit. Et elle a declarée que son mary luy avoit donné une assignation suffisante pour la part de son dot, qui luy pouvoit appartenir dans laditte dixme. De plus, le curé de Saint Gervais proche de Magny, dans la paroisse duquel sont situées lesdites dixmes, estant aussy en nostre presence, a donné son consentement a la vente de la dixme susditte, a voulu et accordé que laditte abbaye l’ayt paisiblement et librement, qu’elle la tienne et possede a perpetuité. Et il a promis de ne rien faire au contraire par soy ne par autres et de rien reclamer en icelle au temps a venir. Davantage Estienne d’Estrées, escuyer, frere du susdict Jean, du fief duquel la cydevant ditte dixme mouvoit ainsy qu’il disoit, estant pareillement en nostre presence, a voulu, accorde et loué laditte vente et a quitté a perpetuité a la susditte abbaye tout le droit qu’il avoit dans laditte dixme, soit pour raison de domaine de son fief ou de quelque autre, quel il soit, et a promis tant par soy que pour ses heritiers de la garantir a lavenir a laditte abbaye, envers et contre tous et qu’il ne reclamera rien par cy apres en ycelle. Or, nous voulons et accordons que laditte abbaye tienne et possede icelle dixme, librement et paisiblement et de nostre autorité nous en confirmons la vente. Et afin que cecy soit ferme et stable a la posterité, nous avons fait mettre aux lettres presentes nostre seel. A Vernon lan de nostre Seigneur mil deux cens trente huich au mois de mars. »