Apparat critique

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Pour citer cette page : Laboratoire de textes Norécrit, Actes des archevêques de Rouen (Eudes Rigaud) : n° p141état d’établissement du texte annoté par Émeline Mancel, sous la responsabilité de Grégory Combalbert, consulté le . [En ligne : ]

p141

1256 (n. st.), mars – Rouen

Eudes, archevêque de Rouen, à la suite de la pieuse demande de Louis [IX], roi de France, réforme et règlement le statut de l’église Notre-Dame de la Ronde. En effet le roi, à qui appartenait la collation de l’église qui possédait trois prébendes, voyant que le service divin, les droits et les libertés y tombaient non seulement en décadence mais en ruines à cause de l’absence continuelle des chanoines, qui n’y résidaient jamais puisqu’ils n’y étaient pas obligés, a pourvu l’archevêque le soin de rétablir l’ordre et d’établir des statuts et règlements ; ceux-ci devront toucher les rentes et les revenus de l’église, la valeur des prébendes et des vicariats et les manières d’en percevoir les revenus et distributions quotidiennes, la résidence des chanoines et toute autre choses concernant la réforme de l’église et l’augmentation du service divin, selon ce qu'il jugera en son âme et conscience être propre et convenable pour le salut des âmes et le bien de cette église.

L’archevêque ordonne ainsi qu’après le décès des trois chanoines, qui jusqu’à présent n'étaient pas tenus de résider en l’église, les revenus de leurs prébendes et des trois vicariats dudit lieu soient fondus pour constituer trois vicaireries, chacune ayant une valeur de seize livres tournois de rente annuelle, ainsi que quatre prébendes, trois valant quarante livres tournois et la quatrième cinquante livres tournois de rente annuelle. Le reste des revenus sera consacré à une rente annuelle de vingt-et-unes livres tournois pour le prêtre curé, revenus que les chanoines actuels utilisent pour percevoir des oblations sur les messes de bénédiction, les mariages, les relevailles des femmes en couche, les messes dites après le mariage, pour les pèlerins et les étrangers et pour les funérailles. Ainsi, les vicaires ne percevront plus rien sur ces dites oblations, dont les profits reviendront au curé et le surplus desdits revenus sera converti en distributions quotidiennes perçues par les chanoines et vicaires qui desserviront en personne dans ladite église.

L’archevêque ordonne également que le chanoine ayant la prébende de cinquante livres soit nommé doyen de l’église, de sorte qu’il préside sur les autres chanoines et vicaires, et qu’il soit présenté à l’archevêque par le roi afin d’obtenir la cure des âmes des chanoines et vicaires de l’église ; il devra également être nommé prêtre dans l’année qui suit et résider dans l’église, ce à quoi il sera tenu par son propre serment lors de son institution. Les autres chanoines devront se faire promouvoir au moins à l’ordre de sous-diacre et les vicaires à l’ordre de prêtre dans l’année suivant leur institution, ce à quoi ils seront tenus par leur serment. Les vicaires seront tenus à une résidence personnelle. Les trois autres chanoines devront résider dans ladite église huit mois chaque année, en commençant le jour de la fête de saint Michel du Mont Cargan, ou résider aux écoles pendant ledit temps, dans les lieux où se trouvent des clercs étudiants, à condition qu’ils aient effectué leur première résidence dans ladite église ; chaque année qu’ils passeront aux écoles, dix livres seront enlevées de leur prébendes, appliquées à l’augmentation des distributions journalières de ceux qui résideront personnellement en l’église. Et s’il arrivait qu’un chanoine ne fasse résidence ni en l’église, ni aux écoles durant une ou plusieurs années, il ne percevra aucune des fruits de la prébende pour l’année ou les années d’absence, et tout le revenu de cette prébende sera réparti pour l’augmentation des distributions journalières de ceux qui résideront personnellement en l’église, à savoir les trois chanoines et les trois vicaires, le doyen en recevant autant que deux chanoines ou deux vicaires.

Le doyen et tous les chanoines résidant dans l’église devront assister aux matines, à la grande messe et aux vêpres, et chaque chanoine recevra au moins trois deniers aux matines, un dernier à la messe et un denier aux vêpres ; le doyen recevra à chaque heure autant que deux chanoines. Et s’il arrivait que les fruits d’une prébende d’un ou plusieurs chanoines ne résidant ni en l’église, ni aux écoles, augmente les revenus de plus de cinq deniers par jour, deux parts seront perçues aux matines et la troisième à la messe. Si un doyen ou un chanoine résidant en ladite église n’assiste pas à l’une des heures susdites, il ne percevra rien de ce qu’il aurait dû percevoir s’il s’était rendu à l’office, à moins qu’il n’en soit empêché par les affaires de l’église et avec la permission des autres qui y résident, ou pour cause de maladie. Les vicaires devront assister aux matines et à toutes les heures du jour, et s’ils n’assistent pas aux matines, à primes, à la messe ou aux vêpres, ils ne recevront rien ce jour-là ; ils pourront cependant manquer une ou deux heures du jour et percevoir l’entièreté de leurs distributions du jour. Si les chanoines ou les vicaires résidant en l’église se trouvaient tellement malades qu’ils ne puissent assister aux offices du jour ou de la nuit sans péril à leur corps, ils recevront les distributions comme s’ils avaient personnellement assisté à ces heures. Si, en revanche, cela devenait coutume où s’ils sont soupçonnés de s’en servir comme excuse, ils seront tenus de s’en purger par leur propre serment ; s’ils ont besoin d’être soignés, ils recevront ce jour-là et les deux suivants les distributions qui leur reviennent sans devoir assister à l’office. Le prêtre curé ne recevra rien de ces distributions, percevant déjà les oblations et profits casuels des messes et des vêpres par dévotion des fidèles, et ne sera pas obligé d’assister aux offices des chanoines et vicaires. Il ne sera pas non plus sujet du doyen de ladite église.

Chaque chanoine ayant une prébende valant quarante livres deva se voir conférer un vicariat certain, affecté à la prébende chaque fois qu’il sera vacant ; suivant la coutume de l’église, il devra être présenté à l’archevêque ou à ses successeurs, qui l’installera en ladite église s’il l’en juge apte. La collation des trois prébendes valant quarante livres et la présentation au doyenné et au bénéfice ayant la charge des âmes appartiendront et demeureront en pleine disposition au roi et à ses successeurs, aux droits duquel l’archevêque n’entend déroger en aucune chose. Et si quelque querelle arrivait entre le doyen, les chanoines et vicaires de ladite église d’une part, et le prêtre curé d’autre part, sur les heures et la manière de célébrer l’office divin, elle sera jugée par l’archevêque ou par ses successeurs.

Enfin, l’archevêque précise que la présente ordonnance n’entend en aucun cas porter préjudice à l’archidiacre de Rouen ni au doyen de la chrétienté, et ne les empêchera en aucune sorte d’exercer leurs charges et offices pleinement et librement dans l’église et envers les personnes susdites.

Tableau de la tradition

Original

A. Original perdu.

Copie(s) inutile(s)

B. Copie insérée dans une confirmation de Louis IX en 1256. Arch. nat., Trésor des Chartes, Rouen II, carton J 213, n° 6 (+ Registre XXXI, fol. XXIIII recto).

C. Copie dans un vidimus en mauvais état de Philippe le Hardi, vidimant Louis IX, vidimant Eudes Rigaud. Arch. dép. Seine-Maritime, G 7460.

D. Copie papier du xviie siècle dans un vidimus de l'official de Rouen, vidimant un acte de Charles V, vidimant Philippe le Hardi, vidimant Louis IX, vidimant Eudes Rigaud. Arch. dép. Seine-Maritime, G 7460.

Édition(s)

a. Pommeraye Jean-François, Sanctae Rotomagensis Ecclesiae concilia ac synodalia decreta, Rouen, Le Brun, 1677, p. 261.

b. Recueil des pièces et titres concernant l’Etat relatif du Trésor de la Ronde avec le Chapitre fondé en la mesme Eglise, Rouen, Pierre Dumesnil, 1741 (copie et traduction en français). Arch. dép. Seine-Maritime, G 7372.

c. « Fondation du chapitre de Notre-Dame-de-la-Ronde par messire Odo Rigauld, archevêque de Rouen en l'année douze cent cinquante-cinq. » (Texte et traduction.) Arch. dép. Seine-Maritime, G 1222.

d. Delisle Léopold, Cartulaire normand de Philippe-Auguste, Louis VIII, Saint-Louis et Philippe le Hardi, Caen, Hardel, 1852, n° 500, p. 88-89.

e. Laborde Joseph de, Layettes du Trésor des Chartes, Paris, E. Plon & cie, 1875, t. 3, n° 4243, p. 289-291.

Dissertation critique

D'après le registre des visites, Eudes Rigaud n'est pas allé à Rouen au cours du mois de mars 1255 (1256 n. st.). En revanche le 17 des kalendes d'avril (16 mars) il est au Fresne avec le roi. Selon J. Laborde : « Cette copie authentique est insérée dans les lettres de confirmation du roi à Rouen au mois d'avril suivant. La présence du roi à Rouen au mois de mars de l'année 1255-1256 suffit à préciser la date des lettres de l'archevêque. » D'après les RHGF, t. XXI, p. 416, le roi était bien à Rouen au mois de mars. Le vidimus de la charte édité a été fait à Falaise en avril 1256.

En attendant de voir la copie B à Paris, l'édition a été établie d'après a.

Texte établi d'après e

Frater Odo, permissione divina, Rothomagensis ecclesie minister indignus, universis presentes litteras inspecturis, salutem eternam in domino Jhsu Xpisto. Prisca prudentum auctoritas justa petentium desideria assensu facili recipienda esse decrevit, et affectu benivolo prosequenda. Ad quod tanto pre ceteris nos esse convenit proniores, quanto ad id officii nostri debitum specialius nos astringit, presertim ubi vota petencium cultum divinum, ad Dei honorem et animarum salutem, sinunt augmentari. Eapropter excellentissimi domini Ludovici, Dei gratia, Regis Francorum illustris, facta petitio, super reformatione et ordinatione status ecclesie Sancte Marie Rothonde Rothomagensis, assensum facilem, effectum validum et maturum apud nos merito debuit obtinere. Attendens enim et dolens idem dominus Rex in dicta ecclesia, in qua sunt tres prebende pingues redditibus, quarum collatio ad ipsum pertinere dinoscitur, cultum divinum, libertates ac jura ecclesie, non solum diminui, sed perire, propter continuam canonicorum absenciam, qui nunquam resident in ecclesia memorata, nec residere tenentur, secundum consuetudinem in ipsa ecclesia hactenus observatam, a nobis spontaneus requisivit, quod tanto incommodo salubre remedium adhibentes, ac utilitati ecclesie ipsius providentes in posterum, de redditibus ecclesie, prebendarum et vicariarum numero et valore, de modo percipiendi proventus, quotidianasque distributiones, ac certa residencia ibidem a canonicis de cetero facienda, aliisque omnibus ad reformationem status sepedicte ecclesie et divini cultus augmentum pertinentibus, prout, secundum Deum, ipsi ecclesie et animarum saluti nobis expedire videretur, ordinare ac statuere curaremus. Nos igitur petitioni tam pie, tam laudabili, tam devote, grato concurrentes assensu, deliberatione super hiis habita diligenti, ordinavimus et statuimus de premissis in forma inferius annotata. Ordinamus atque statuimus, quod, post decessum trium canonicorum, qui ad presens residere in dicta ecclesia non tenentur, redditibus prebendarum ipsorum et trium vicariarum, que sunt ibidem, omnibus contributis ad invicem et collatis, constituantur et fundentur tres vicarie, quarum quelibet valeat per annum XVI libras turonensium, et quatuor prebende, quarum tres valebunt singule XL libras turonensium, et quarta L libras turonensium, de residuo autem assignabuntur presbitero curato XXI libre turonensium annui redditus, quas percipere consueverunt vicarii, qui ad presens sunt in prefata ecclesia, in oblationibus et obventionibus que sunt et eveniunt, in missis que celebrantur, in benedictionibus nubencium, et purificationibus mulierum post partum, et admissationibus post nuptias, et in missis peregrinantium, et in exequiis defunctorum, ita quod in oblationibus et obventionibus predictis, que ad ipsum curatum, de jure communi, pertinent, nichil percipient vicarii memorati. Totum vero residuum reddituum predictorum convertetur in distribuciones cotidianas, percipiendas a canonicis et vicariis ibidem personaliter deservientibus, prout inferius continetur. Ordinamus etiam et statuimus quod canonicus, habiturus prebendam L libras valentem, sit decanus dicte ecclesie, presitque ceteris canonicis atque vicariis, nobisque presentetur a domino Rege, a nobis curam animarum canonicorum et vicariorum dicte ecclesie recepturus ; teneaturque promoveri ad ordinem sacerdocii infra annum, postquem in ecclesia fuerit institutus, et in ipsa continue residere ; ad que facienda astringetur in sua institucione proprio juramento. Alii vero canonici tenebuntur se facere promoveri ad ordinem subdiaconatus ad minus ; vicarii vero ad ordinem sacerdotii, infra annum a die sue institutionis numerandum, et ad hoc juramento proprio astringentur. Qui etiam vicarii tenebuntur ad faciendum ibidem residentiam personalem. Tres autem canonici supradicti tenebuntur in dicta ecclesia residere per VIII menses singulis annis, incipiente residentia in festo Sancti Michaelis in monte Gargano, vel morari in scolis per tempus predictum, in loco in quo sit studium scolarum clericorum, dum tamen primam residentiam fecerit in ecclesia memorata, ita tamen quod singulis annis, quibus scolares fuerint subtrahantur cuilibet eorum in scolis dictam residentiam facienti, X libre turonensium de fructibus prebende sue, que cedent ad augmentum cotidianarum distributionum percipiendarum ab illis qui in Ecclesia personaliter residebunt. Si autem aliquis vel aliqui eorum dictam residenciam non fecerint aliquo seu aliquibus annis in dicta ecclesia vel in scolis, nichil omnino percipient de fructibus prebendarum suarum, illo vel illis annis quibus non fecerint residentiam memoratam ; set omnes proventus dictarum prebendarum cedent illo seu illis annis in augmentum distribucionum percipiendarum a residentibus in ecclesia, prout superius est expressum ; que quidem distribuciones percipientur a tribus canonicis et tribus vicariis pro partibus equalibus. Decanus vero tantumdem de ipsis percipiet quantum duo de canonicis seu vicariis antedictis. Sane distribuciones hujusmodi percipientur a decano et canonicis isto modo. Decanus et omnes canonici in ecclesia residentes, tenebuntur interesse matutinis, majori misse et vesperis, et percipiet quilibet canonicus in matutinis III denarios ad minus, in missa unum, in vesperis unum, et decanus quantum duo canonici in qualibet hora, prout est suprascriptum. Et si de fructibus prebende vel prebendarum canonici vel canonicorum non residencium in ecclesia vel in scolis distributiones ultra quinque denarios in die contigerit augmentari, due partes ejus quod accrescet percipientur in matutinis et tertia pars in missa ; et, si contigerit decanum vel canonicum in ecclesia residentem non interesse aliquibus de predictis horis, nichil percipiet de eo quod esset percepturus, si illi hore interfuisset, nisi forte ipsum abesse contigerit pro negocio de licentia reliquorum ibidem residencium, vel nisi infirmitate proprii corporis, vel causa minucionis impeditus fuerit, prout inferius continetur. Vicarii autem tenebuntur interesse matutinis et singulis horis diei, tali modo quod, si non interfuerint matutinis vel prime vel majori misse seu vesperis, nichil percipient de distributionibus illa die ; licebit tamen eis unam vel duas de aliis horis diei amittere, et nichilominus distribuciones diei integre percipere. Canonici vero et vicarii in ecclesia residentes adeo gravi infirmitate detenti, quod sine corporis sui periculo non possent interesse nocturno officio seu diurno ecclesie, distribuciones integre percipient, ac si singulis horis personaliter interessent, ita tamen quod de impedimento, si in hoc assueti fuerint vel suspecti, tenebuntur fidem facere proprio juramento ; si autem minuti fuerint, percipient distribuciones die minucionis et duobus immedietate sequentibus, nec tunc tenebuntur officio interesse. Presbiter vero curatus nichil de distribucionibus percipiet, cum habeat oblationes et obventiones que in suis missis et vesperis ex devotione fidelium offeruntur, nec teneatur canonicorum et vicariorum officiis interesse. Dictus vero presbiter curatus non erit subjectus decano ecclesie sepedicte. Item ordinamus atque statuimus quod quilibet canonicus habens prebendam XL libras valentem conferat unam vicariam certam ac prebende sue appropriatam, quociens eam vacare contigerit, tenebiturque juxta consuetudinem ecclesie ipsum nobis seu successoribus nostris, qui pro tempore fuerint, presentare, ut nos seu successores nostri ipsos, si idonei fuerint, in dicta ecclesia institui faciamus. Collatio autem trium prebendarum XL libras valentium, et presentatio ad decanatum et ad beneficium habens curam animarum parrochie, ad dictum dominum regem et successores suos plene et libere permanebunt, cujus juri non intendimus in aliquo derogare. Si autem super horis et modo celebrandi divinum officium inter decanum et canonicos seu vicarios predicte ecclesie ex una parte, et presbiterum curatum ex altera exorta fuerit materia questionis, per nos seu successores nostros qui pro tempore fuerint decidetur. Per hanc autem ordinationem nostram nullum prejudicium generabitur Rothomagensi archidiacono seu nostro decano Xpistianitatis Rothomagensis, quin possint officium suum in ecclesiam et personas predictas plene ac libere exercere. Quam quidem ordinacionem nostram dictus dominus Rex vidit et intellexit ratamque habuit et sigilli sui impressione munivit. In cujus rei testimonium, sigillum nostrum presentibus litteris duximus apponendum. Actum Rothomagi, anno Domini M° CC° quinquagesimo primo, mense marcio.