Conventions d'éditions

Établissement du texte : tradition et apparat critique

Lorsque l'original est conservé

Lorsque l’original (A) est conservé, l’édition reprend scrupuleusement le texte de l’original, y compris les graphies spécifiques et les erreurs manifestes du scribe, qui sont signalées comme telles dans l’apparat critique.

Les lacunes des originaux en mauvais état et dont une partie du texte a disparu ou n’est plus lisible sont comblées à l’aide des copies prises sur l’original ou dont la source n’est pas connue avec certitude. Lorsqu’aucune copie ne peut être utilisée, certains mots ou passages peuvent être reconstitués par l’éditeur en fonction des habitudes diplomatiques connues par d’autres actes. Ces passages comblés à l’aide de copies ou reconstitués par l’éditeur sont toujours signalés et les précisions sur leur source sont données dans la dissertation critique.

Le témoin ou les témoins suivis, ainsi que la stratégie utilisée (par exemple : A complété de B) ne sont mentionnés que dans deux cas : s’il existe des originaux multiples (A1 et A2) et si A est lacunaire, rendant nécessaire l’utilisation d’une ou plusieurs autres copies pour combler les lacunes.

Sont portés dans l’apparat critique lorsque l’original est conservé :

  • - le signalement des graphies spécifiques et des erreurs manifestes commises par le scribe (sic). Ce signalement s’accompagne d’une proposition de correction introduite par le mot « comprendre » si la correction à effectuer n’est pas évidente. En cas de doute important sur la correction proposée, celle-ci est accompagnée d’un point d’interrogation. Si la correction est évidente, elle n’est pas explicitement portée à la suite du signalement de l’erreur ;
  • - les remarques concernant la mise en forme de l’original : lettres en interligne, passages barrés ou exponctués par soulignement, ajouts en marge, décorations, étirement de lettres permettant de justifier le texte à droite, etc.

Les sigles A1 et A2 sont attribués aux documents portant le même texte dans le cas d’originaux multiples. Les chiffres de ces sigles ne figurent pas en exposant, pour des raisons techniques.

Lorsque l'original n'est plus conservé

Lorsque l’original n’est plus conservé, le texte est établi par la confrontation des copies utiles. Sont considérées comme utiles les copies assurément prises sur l’original, celles dont la source n’est pas connue avec certitude (puisque ces dernières ont pu être prises sur l’original) et celles qui sont prises sur une source disparue. Les sigles alphabétiques en majuscules (B, C, D, etc.) sont attribués dans l’ordre d’utilité des copies, la copie la plus fiable, c’est-à-dire dont le texte présente le moins d’erreurs apparentes et de variantes avec les autres copies, étant considérée comme la plus utile.

Les copies prises sur des copies plus anciennes sont considérées comme inutiles, sauf si l’original et les copies plus anciennes dont elles dérivent sont perdus. Les sigles sont attribués aux copies inutiles dans la continuité des sigles attribués aux copies utiles, et dans l’ordre chronologique des copies.

Les copies perdues ne sont pas pourvues d’un sigle ni incluses pour elles-mêmes dans la tradition de l’acte. Leur existence est signalée dans la tradition comme source d’une copie plus tardive si cette copie existe. À défaut, leur existence est signalée dans la dissertation critique.

Les éditions anciennes du texte sont par principe présumées inutiles, sauf dans deux cas : quand il n’existe plus de copie manuscrite et quand une édition ancienne est assurément prise sur un original perdu depuis.

Quand il n’existe plus de copie manuscrite, les éditions prises sur l’original et celles dont la source n’est pas connue avec certitude sont considérées comme utiles. Leurs variantes sont portées dans l’apparat critique.

Quand une édition ancienne est assurément prise sur un original perdu depuis, elle est confrontée aux copies manuscrites utiles pour l’établissement du texte et ses variantes sont portées dans l’apparat critique.

Le témoin ou les témoins suivis, ainsi que la stratégie utilisée (par exemple : B complété de CD), ne sont mentionnés que s’il y a plusieurs témoins utiles. Si B est le seul témoin utile, aucune mention n’apparaît en tête du texte édité car il est évident que celui-ci suit le texte de B.

Sont portés dans l’apparat critique lorsque l’original n’est pas conservé :

  • - les variantes entre les copies (et éventuellement les éditions) utiles, hormis l’usage des ligatures æ. Les usages du c ou du t prononcé comme une sifflante (en particulier dans la syllabe finale -tio/-cio) font partie des variantes portées dans l’apparat critique ;
  • - le signalement des graphies spécifiques et des erreurs manifestes commises par le scribe (sic). Ce signalement s’accompagne d’une proposition de correction introduite par le mot « comprendre » si la correction à effectuer n’est pas évidente. En cas de doute important sur la correction proposée, celle-ci est accompagnée d’un point d’interrogation. Si la correction est évidente, elle n’est pas explicitement portée à la suite du signalement de l’erreur ;
  • - sauf exception justifiée, les remarques concernant la mise en forme ne sont pas portées dans l’apparat critique.

Un terme n’apparaissant pas dans un ou plusieurs témoins est dit « manquant » et non « om. » ou « omis » dans l’apparat critique. Dans le souci de faciliter la lecture, un mot clairement superflu est porté non dans le texte mais dans l’apparat critique et signalé comme ajouté.

Établissement du texte : abréviations, majuscules, graphies particulières et ponctuation

La règle suivie, sauf exception, est le développement de toutes les abréviations, sans repérage des lettres ou des syllabes abrégées par le scribe. Cela s’applique aussi bien aux actes connus par des originaux qu’à ceux connus seulement par des copies ou des éditions anciennes.

Les exceptions à cette règle sont les suivantes :

  • - lorsque le développement d’une abréviation est impossible ou très douteux, le mot est laissé abrégé par suspension. Le nom Roger, dont la forme latine peut être Rogerus ou Rogerius, n’est pas développé lorsqu’il est abrégé par suspension dans le texte de l’acte (Roger.) ; idem pour le nom Richard, dont la forme latine peut être Ricardus ou Richardus (laissé en Ric.) ;
  • - lorsqu’une personne est citée seulement par l’initiale de son nom, seule l’initiale est conservée, sans développement du nom, dans le texte édité. C’est également le cas pour Theobaldus, abrégé Th. Le nom complet, hormis s’il s’agit de témoins ou de souscripteurs, est donné dans l’analyse du texte ;
  • - les chiffres, romains ou arabes, ne sont jamais écrits en toutes lettres mais sont reproduits tels qu’ils se présentent sur l’original ou les copies utiles, avec éventuellement, en exposant, les lettres abrégées, suscrites ou non, qui les accompagnent (par exemple : IIIIor). Les variantes éventuelles sur ce point entre les copies utiles sont portées dans l’apparat critique.
  • - de même, les dates sont systématiquement reproduites telles qu’elles figurent sur les originaux ou les copies utiles, en chiffres romains ou arabes, avec les éventuelles lettres marquant l’abréviation. Les variantes éventuelles entre les copies utiles sont portées dans l’apparat critique.

Les noms et adjectifs de lieux (adjectifs toponymiques ou ethniques) sont pourvus d’une majuscule. Concernant les adjectifs, cette règle ne vaut que s’ils qualifient une personne physique ou morale, ou une communauté. Il n’y a pas de majuscule aux adjectifs de lieux qualifiant les monnaies ou les mesures. L’adjectif de lieu, dont la fin est en général abrégée dans les originaux comme dans les copies, est en revanche intégralement développé. Quand il qualifie la monnaie réelle (les deniers), l’adjectif est accordé en cas, genre et nombre avec le mot denarius. Quand il qualifie la monnaie de compte (les sous ou les livres), l’adjectif de lieu est toujours mis au génitif pluriel, accordé avec le mot denariorum qui est sous-entendu.

Le mot ecclesia est pourvu d’une majuscule dans le texte édité lorsqu’il fait référence à l’Église universelle. Lorsqu’il fait référence à un bâtiment, à une communauté ou à une institution locale, fraction de l’Église universelle, il n’a pas de majuscule.

L’accord de l’adjectif épithète en latin médiéval n’est pas sans poser problème. Par convention ici, lorsqu’un adjectif qualificatif épithète abrégé par suspension s’applique à deux substantifs ou plus, l’accord de l’adjectif en développant l’abréviation est fait au pluriel si tous les substantifs qualifiés sont du même genre (decano et canonicis Rothomagensibus) ou si la forme de l’adjectif décliné au bon cas au pluriel est identique pour les deux genres concernés (decano et capitulo Rothomagensibus). Si les substantifs sont de genres différents et que la forme de l’adjectif décliné au bon cas au pluriel est différente selon les genres, la règle de proximité est appliquée : l’adjectif est accordé en genre et en nombre avec le substantif le plus proche de lui (decanum et capitulum Rothomagense). Ces principes s’appliquent aux adjectifs de lieux.

Lorsque l’hésitation est permise pour savoir si un toponyme dont la fin est abrégée est un substantif ou l’adjectif de lieu correspondant, le mot est laissé abrégé par un point. Les cas principaux concernent seulement quelques noms de lieux pour lesquels l’usage de l’adjectif est loin d’être systématique dans les actes de la pratique (par exemple Fiscann. pour Fiscanni ou Fiscannensis).

En revanche, dans la titulature des archevêques, les termes Roth. ou Rothomag. sont systématiquement développés en Rothomagensis ou ses formes déclinées. Le développement du toponyme abrégé en adjectif de lieu s’applique également aux autres sièges épiscopaux.

Les abréviations des noms de mois sont toujours développées au génitif, en considérant que le nom du mois est un substantif. Les occurrences de noms de mois à l’ablatif figurent dans les textes (orignaux ou copies utiles) sans être abrégées.

La graphie du mot presbyter / presbiter est respectée lorsque le mot figure sans abréviation dans un acte. Si le mot est abrégé (pbr’), le développement s’effectue sous la forme presbiter.

L’édition ne reproduit pas la ponctuation médiévale, qu’il s’agisse d’actes connus par des originaux ou par des copies. Les textes sont ponctués de manière à ce qu’ils soient intelligibles pour un lecteur contemporain et selon l’usage français de la ponctuation. Les différentes parties du discours diplomatique sont séparées par des points, sauf l’exposé et le dispositif, lorsqu’ils font partie d’une même phrase. Les éléments de même nature dans une énumération, quand il n’y a pas de coordination, sont séparés par des virgules. Les propositions apposées et certains compléments circonstanciels sont également placés entre virgules. Dans le protocole initial de la charte, l’intitulation, l’adresse et le salut sont séparés les uns des autres par des virgules. Il n’y a pas de ponctuation spécifique séparant les propositions principales des propositions subordonnées.

Pour suivre l’usage du français contemporain, les lettres i et u ont été retranscrites par j et v lorsqu’elles ont valeur de consonnes.

Le texte édité reproduit les ligatures æ, œ et les e cédillés lorsque ceux-ci sont employés dans l’original conservé de l’acte ou dans le texte d’une copie utile unique ou, en cas de copies utiles multiples, si toutes les copies utiles sont concordantes dans l’emploi du caractère concerné. En cas de copies utiles multiples ne concordant pas sur ce point, les ligatures æ, œ et les e cédillés sont ignorés dans le texte édité et les variantes sur ce point ne sont pas relevées dans l’apparat critique. L’usage du caractère concerné est seulement signalé dans la dissertation critique.

La diphtongue ae est distinguée de la ligature monophtonguée æ lorsque l’identification de cette diphtongue est certaine, notamment dans les noms propres (par exemple Michael, Raerius, Aelis ou Aelit, qu’on trouve parfois sous la forme Aalis ou Aalit).

Les litterae elongatae sont portées en gras dans le texte.

Les lettres placées en interligne dans un original sont restituées à leur place dans le mot et signalées comme tel.

Analyse

La présente édition comprend, pour chaque acte, une analyse longue. L’analyse reprend le nom de l’archevêque et l’ensemble des informations contenues dans l’exposé et le dispositif de la charte (hormis la corroboration et l’annonce des signes de validation), faisant apparaître à travers le verbe la nature de l’action juridique réalisée par l’archevêque.

L’analyse est rédigée en restant le plus proche possible du texte latin. Les termes posant un problème de traduction sont laissés en latin ou en ancien français. En cas de traduction jugée approximative, la forme en latin ou en ancien français figure entre parenthèses après la traduction proposée. C’est le cas en particulier pour persona (en général traduit par titulaire de l’église ou du bénéfice).

Tous les ajouts aux informations fournies dans l’acte se trouvent entre crochets, tout comme les traductions incertaines.

Pour les actes se présentant sous la forme de vidimus, le contenu de l’acte ou des actes vidimés est intégré dans l’analyse.

Dans le cas d’un deperditum, si la mention de l’acte perdu renvoie explicitement à d’autres actes contemporains ou antérieurs – qui étaient confirmés ou vidimés dans l’acte archiépiscopal –, le contenu de ces derniers (connu par le texte encore conservé ou par une mention) est utilisé pour l’établissement de l’analyse.

Dates

Lorsque l’acte ne porte pas de date explicite, une proposition est faite entre crochets sur la base des éléments contenus dans le texte. Il peut s’agir d’une date précise ou d’une fourchette de datation. Les précisions complémentaires sur l’intervalle de temps le plus large contenant assurément la date de l’acte sont données dans la dissertation critique.

Les dates proposées sont transposées en nouveau styles, indiqué (n. st.). Conformément à l’usage, on considère que le style de datation des actes normands est celui de Pâques (qui est habituellement celui de la chancellerie royale capétienne) à partir de l’annexion du duché de Normandie au domaine royal, en 1204. Le registre des visites d’Eudes Rigaud permet de confirmer cela, puisque chaque nouvelle année est définie lors de la fête de Pâques.

Dans tous les cas, la justification de la date proposée, si elle n’est pas explicite dans l’acte, est donnée dans la dissertation critique.