Apparat critique
- Texte édité
- Témoin B
p14
[1233, après le 26 août-1233, avant le 20 septembre]
[Maurice], archevêque de Rouen, à la suite d'un conflit qui l'opposait au roi de France, ce dernier ayant négligé les libertés de l'Église de Rouen en spoliant ses biens le jour de la translation des reliques de saint Benoît, ayant restitué leur excommunication aux moines de Saint-Wandrille, faisant offense à la coutume de Normandie et allant contre le jugement de l'archevêque, et n'ayant tenu compte des admonitions faites avec [les statues de] la Vierge, jette l'interdit sur les possessions du roi de France dans le diocèse et en précise les conditions à ses doyens. L'archevêque jette l'interdit sur toutes les chapelles du roi dans le diocèse de Rouen, sauf quand le roi ou la reine s'y rendront ; dans ce cas ils auront leur chapelain sur lequel l'interdiction sera suspendue. Il jette également l'interdit sur tous les baillis et sous-baillis du roi qui tiennent des bailliages ou sous-bailliages dans le diocèse de Rouen, ainsi que sur leurs clercs, leurs femmes et toute leur famille. Il jette l'interdit sur tous les cimetières dans le domaine du roi dans le diocèse de Rouen et interdit, sous peine d'excommunication, qu'aucun y soit enterré, ou en terre ou sur la terre, [en plâtre ou en tronc], de pierre ou de quelconque autre manière ; de même que quiconque soit mis sur les arbres du cimetière, tout comme ne pourront y être les corps des religieux ou clercs ayant un bénéfice ou le sacrement de l'ordre, qui jusqu'à présent étaient autorisés à [être] enterrés. Il interdit à toutes les églises et tous les monastères de sa juridiction dans le diocèse de Rouen de sonner les cloches le dimanche et de célébrer le culte divin en notes. Cependant, si les églises venaient à fermer et le culte divin à cesser, des hérésies pourraient se propager et le peuple pourrait s'endurcir : c'est pourquoi il admet dans les églises ceux qui ne sont pas frappés d'interdit ou excommuniés, qui pourront enterrer leurs défunts et célébrer des messes en note et sans note selon l'habitude. Il leur concède également les bénédictions nuptiales et les relevailles. Il prescrit pour tout le diocèse de célébrer une messe dans chaque église après la parole du dimanche (orationem dominicam), avant quoi l'incipit aura été Libera nos. Il prescrit également aux prêtres de fléchir le genou devant l'autel, de montrer aux clercs et au peuple comment de faire de même, et de prier pour la libération de l'Église de Rouen. Il leur prescrit de dire le psaume Ad te levavi, puis Gloria Patri, Kyrie eleison, Christe eleison, Kyrie eleison, Pater noster, Et ne nos, Mitte nobis Domine, Et de Sion, Dominus vobiscum
, de prier Ecclesie tue, Domine quesumus preces placatus admitte. Pour ce psaume, qu'ils fassent sonner les cloches afin de susciter la dévotion et l'adoration du peuple se trouvant hors de l'église. D'aucune manière il n'est permis de faire sonner les cloches chez le roi. Enfin, l'archevêque mande aux doyens, dans la force de leur obédience, et leur ordonne fermement de se hâter de convoquer tous les prieurs et prêtres de leur doyenné, afin qu'ils comparaissent avec eux, au lieu approprié, le mardi, veille de la fête de saint M[athieu ?]. Ce mandement devra leur être diligemment exposé en [Gaulle], répété deux ou trois fois, leur ordonnant sous peine de suspension et de privation du bénéfice de l'observer diligemment et de le faire observer à leurs sujets. Si l'archevêque venait à trouver des transgresseurs, des transgressions ou une négligence, ils seront punis ; les abbés de chaque doyenné demeurant dans le domaine du roi, quels qu'ils soient, sont prescrits à l'autorité de l'archevêque, eux et [leurs] sujets demeurant dans le domaine, et devront observer l'interdit. Si avant le mercredi juste après la fête de saint M[athieu ?] ils ne se présentent pas à l'archevêque à propos du mandement, il ordonne aux doyens d'appliquer l'interdit pour tout le doyenné.
Tableau de la tradition
Original
A. Original perdu.
Copie(s) utile(s)
B. Copie dans un fragment de manuscrit de la fin du xiiie siècle.
Édition(s)
a. Pommeraye Jean-François, Sanctae Rotomagensis Ecclesiae concilia ac synodalia decreta, Rouen, Le Brun, 1677, p. 219-221, d'après c, première édition.
b. Bessin Guillaume, Concilia Rotomagensis Provinciae, Rouen, Vaultier, 1717, pars II, p. 51, d'après a.
c. D'Achery Luc, Prospectus novae editionis Spicilegium, 1723, t. 3, p. 614-615.
d. De Wailly Natalis, Delisle Leopold, Jourdain Charles, « E Chronico Rotomagensi », in Recueil des historiens des Gaules et de la France, Paris, H. Welter, 1840, t. 23, p. 335-336.
Dissertation critique
L'acte présenté ici fait partie d'une série de trois actes (n° p13, p14, p15) dont la réflexion sur l'intitulation et la datation a été mené dans la dissertation critique de l'acte n° p13.
Texte établi d'après B
Archiepiscopus Rothomagensis, dilectis in Christo universis decanis. Cum dominus rex monitus fuerit competenter, ut res nostras nobis restitueret, quas pro voluntate sua detinet occupatas, et restitueret abbatem Sancti Wandregesilii et quodam monachos ejusdem ecclesie excommunicatos a nobis, diu est, pro manifesta offensa, secundum consuetudinem Normannie coram nobis compellerent stare juri, nec adhuc placuerit regie majestati preces nostras aut monitiones in aliquo exaudire : ne per longam dissimulationem negligere videamur Ecclesiasticam libertatem, cum a die translationis sancti Benedicti rebus nostris per dominum regem fuerimus spoliati et quidam de dictis monachis a principio Quadragesime excommunicationis vinculo innodati. De bonorum consilio interdicimus omnes capellas domini regis in diocesi Rothomagensi, nisi quando forte dominum regem vel reginam adesse contigerit ; in quo casu quam diu presentes erunt capellarum illarum suspendimus interdictum. Interdicimus etiam omnes ballivos et subballivos domini regis, qui in diocesi Rothomagensi tenent ballivas vel subballivas et eorum clericos et uxores, totamque eorum familiam. Interdicimusque omnia dominica cimiteria in toto dominico domini regis in diocesi prenotata. Inhibentes sub pena excommunicationis, ne aliquis presumat in eis corpora sepelire, vel in terra vel super terram, in plastro vel in trunco, vel lapide vel aliquocumque modo, aut ettiam [sic] [etiam] ponere super arbores cimiterii, nisi fuerint corpora religiosorum vel clericorum qui sunt beneficiati, vel in sacris ordinibus constituti, quos in suis cimiteriis ad presens permittimus sepeliri. Inhibemus ettiam [sic] [etiam] sub pena excommunicationis ne aliquis presumat corpora illorum qui manent in dominico domini regis, in nostra [sic] [nostris] diocesi, ad sepulturam in aliis ciemiteriis admittantur, sicut nec in cimiteriis interdictis. Interdicimus etiam omnes ecclesias et monasteria nostre juridictioni subjecta in diocesi prenotata et dicto dominico, a pulsatione campanarum et divinorum pulsatione celebratione cum nota. Ne forte si alique ecclesie clauderentur et a divinis cessarent omnino, contigeret hereses pululare et ad ea que Dei sunt populum indurari : quare precipimus admitti in ecclesiis illos, qui non sunt interdicti aut excommunicati et ettiam [sic] [etiam] corpora defunctorum, ut celebretur pro ipsis submissa voce et sine nota officium consuetum. Concedimus item benedictiones nuptiales et mulieres ad purificationem admitti. Precipimus ettiam [sic] [etiam] per totam diocesem cum celebrabitur missa in singulis ecclesiis post orationem dominicam, antequam incipiatur Libera nos et cetera, quod sacerdos flectat genua coram altari et doceat clericos et populum similiter genua flectere et orare pro libertate Rothomagensis Ecclesie. Et sacerdos et clerici dicant hunc Psalmum : Ad te levavi, Gloria Patri et cetera, Kyrie eleison, Christe eleison, Kyrie eleison, Pater noster, Et ne nos, Mitte nobis Domine et cetera, Et de Syon et cetera, Dominus vobiscum, Orat, Ecclesie tue Domine quesumus preces placatus admitte et cetera. Et ettiam [sic] [etiam] pulsitentur campane, ut populi, qui erit extra ecclesiam, excitetur devotio, similiter adorandum : nec aliquo modo liceat alicui pulsare in dominico regis, vel etiam pulsitare campanas. Quare vobis mandamus in virtute obdiente, firmiter injugentes, quatenus unusquisque vestrum omnes priores et presbiteros sui decanatus convocare festinet, ita quod hac die martis in vigilia Sancti M. in loco competenti compareant coram ipso, et formam mandati nostri exponant eis in gallico diligenter, eam bis vel ter repetendo, injugens eis sub pena suspensionis et amissionis beneficiorum, ut quod pecipimus diligenter observent et faciant a suis subditis observari. Scituri quod si invenerimus eos transgressores vel transgressiones aliorum sub dissimulatione transire, eos animadversione debita puniemus et quilibet vestrum abbatibus sui decanatus in dominico domini regis manentibus, auctoritate nostra precipiat, ab ipsis et suis subditis in eodem dominico manentibus, interdictum hujusmodi observari. Si vero infra diem mercurii proximam post instans festum N. non receperitis a nobis super his aliud in mandatis, districtione premissa vobis injungimus quatenus quilibet vestrum ex tunc per totum decanatum suum interdictum hujusmodi faciat observari. Et hoc, hac die martis presbiteris injugatis, ita quod nec nos, nec vos, pro iteratione mandati oporteat amplius laborare. Valete. Datum et cetera.