Apparat critique
- Texte édité
- Témoin B
p108
1250, 17 juillet – Briouze
Eudes, archevêque de Rouen, notifie à G[eoffroy], évêque de Sées, que lors de sa visite à l’église [cathédrale] de Sées, par le devoir de son office, il a trouvé des manquements qu’il ne peut ni ne doit tolérer. De plus, puisque l’évêque y demeure fréquemment, l’archevêque peut l’accuser de négligence, à moins que sa diligence ne rachète le blâme. L’archevêque a trouvé que le Sacro-saint corps du Christ n’était pas placé près du maître-autel de manière à ce que ceux qui passent dans le choeur ou qui prient ne peuvent l’avoir devant les yeux, alors qu’Il devrait accroître leur dévotion. Il a trouvé que non seulement la règle du silence était enfreinte, mais qu’elle n’était presque pas respectée du tout, ni dans l’église, ni dans le cloître, le réfectoire ou le dortoir. Les clercs parlent violemment voire se disputent, en présence de séculiers, perturbant le culte divin et que les querelles ne sont freinées par personne. La clôture n’est que très peu gardée et, dans cette clôture les clercs dialoguent et s’assoient avec les séculiers, sans que personne ne les empêche d’entrer. Les clercs introduisent les séculiers, clercs ou laïcs, voire des personnes douteuses dans le réfectoire sans en avoir obtenu la permission. L’hospitalité n’est nullement observée et personne n’est désigné pour recevoir les invités, comme cela devrait l’être. L’archevêque a également trouvé dans le dortoir des serges et des couvertures inconvenantes, qui plus est rayées. De même, plusieurs clercs ont gravement commis des fautes : presque tous les archidiacres sont connus publiquement pour avoir des biens propres et ne comptent pas les bénéfices de leur archidiaconé avec le prieur. Frère Olivier fait preuve d’arrogance et de désobéissance. Gervais, cellérier et le chantre sont incontinents et se rendent beaucoup en ville pour y boire, sans compagnon et sans permission. Le même chantre et le cellérier sont fréquemment absents des matines et des complies. Le même cellérier est connu publiquement pour avoir des biens propres et pour la négligence dans la célébration de sa messe, qu’il omet totalement. L’archevêque a trouvé Hugues Cortillers pratiquant le négoce, possédant des biens, étant incontinent et en état d’ébriété. Il a trouvé que Guillaume de Herberio était connu publiquement comme possédant des biens et étant incontinent. Il possède des habits non réglementaires et de diverses couleurs, qu’il porte même lorsqu’il sort de la maison sans surplis et sans colobre. L’archevêque a trouvé que lorsque l’évêque l’a envoyé au cloître à cause de sa tenue inconvenante, ils l’ont fait comparaître aux assises d’où il a eu l’occasion de vagabonder et de retomber dans ses anciennes habitudes de péché. Les chanoines, lorsqu’ils vont en ville, s’arrêtent fréquemment pour boire dans les maisons des séculiers. Dans les églises paroissiales, des vicaires n’ont pas reçu la cure des âmes et un grand danger menace les âmes des paroissiens puisque ces vicaires n’ont pas été présentés à l’évêque. En considération de ces choses, l’archevêque ordonné à l’évêque de Sées de corriger tous les excès notés et de veiller à ce que ces réformes soient menées à bien, afin qu’il ne soit pas repris d’une plus grande négligence. L’évêque devra écrire en retour à l’archevêque qui, afin qu’il puisse y apposer sa main si nécessaire.
Tableau de la tradition
Original
A. Original perdu.
Copie(s) utile(s)
B. Copie de la seconde moitié du xiiie siècle dans le registre des visites de l'archevêque de Rouen Eudes Rigaud.
Texte établi d'après B
Frater Odo, permissione divina Rothomagensis ecclesie minister indignus, venerabili fratri G., Dei gracia, Sagiensi episcopo, salutem eternam in Domino Jesu christo. Ex injuncti nobis officii debito, causa exercende visitacionis, ad Sagiensem ecclesiam accedentes. Ibidem invenimus aliqua reformanda que conniventibus oculis pertransire nolumus nec debemus. Propter que cum ibidem frequenter conversemini, de negligencia redarguere nos possemus nisi alias vestra diligencia redimeret culpam istam. Invenimus enim quod sacrosanctum et venerabile corpus Christi circa majus altare non habetur, quod transeuntibus per chorum et ibidem orantibus haberi deberet pre oculis, ut ipsorum devotio augeretur. Item invenimus quod silencium ibi non tantum infringitur ; immo penitus non servatur et etiam in ecclesia, claustro, refectorio, dormitorio. Canonici, coram secularibus, de verbis prorumpunt in jurgia alii alios, et diviuum officium perturbando. Item invenimus quod hujusmodi objurgantes per aliquem non arcentur. Item quod claustrum minime custoditur, et in ipso claustro confabulantur et sedent canonici cum secularibus, nec est qui prohibeat intrare volentes. Item quod canonici, seculares tam clericos quam laicos, etiam minus honestas personas, ad comedendum secum invitant et in refectorium introducunt, etiam licencia non obtenta. Item quod hospitalitas nullatenus observatur, nec est qui recipiat hospites ut deberet. Item invenimus in dormitorio sargias sive tapetia inhonesta, ut pote radiata. Item multos canonicorum graviter diffamatos : archidiaconos scilicet, quasi omnes, de proprietate notatos nec de emolumentis suorum archidiaconatuum computant cum priore ; fratrem Oliverium de inobediencia sive protervia ; Gervasium, cellerarium et cantorem, de incontinencia et nimio discursu per villam et potacione in villa, et sine societate in villa multociens et licencia non petita. Item iidem cantor et cellerarius frequenter remanent de completorio et matutinis. Item dictum cellerarium notatum invenimus de proprietate, et missam suam celebrare negligit et penitus pretermittit. Item invenimus quod Hugo Cortillers infamatus est de negociacione, proprietate incontinencia ac ebriositate. Item invenimus quod Willelmus de Herbeio notatus est de proprietate et incontinencia, et inhonestam habet vestem ut pote diversicolorem, et etiam utitur extra domum sine superlicio et coloba. Item invenimus quod cum vos ad claustrum, propter inhonestum gestum ejus misissetis eundem, ipsum ad assisias atornatum suum fecerint, et inde habet vagandi et recidivandi occasionem. Item invenimus quod canonici in villam euntes passim bibunt cum secularibus, in domibus eorumdem. Item invenimus quod in ecclesiis parrochialibus habent vicarios non curatos, propter quod periculum imminet animarum nec vobis fuerint presentati. Unde vobis mandamus quatinus hujusmodi omnes excessus talilter corrigatis et correctionem vestram ita faciatis observari, quod de ampliori negligencia non possitis merito reprehendi ; nobis quid inde feceritis rescribentes, ut et nos ipsi manum si necesse fuerit apponamus. Datum apud Brayosam, dominica ante festum beatorum Jacobi et Christofori, anno Domini millesimo cc° quinquagesimo.