Conventions d'éditions
La tradition
L’édition est celle d’une série d’unités documentaires dont les dates d’écriture (ou de réécriture) sont variées et dont la langue est le latin médiéval, le moyen français ou le français moderne. Pour un même texte, peuvent exister des versions de langues différentes. Elles sont alors éditées indépendamment mais bénéficient d’une introduction commune. Compte tenu des caractéristiques particulières des textes de coutumes, il est nécessaire de préciser ici le sens attribué à certains termes figurant dans la présentation des éditions :
- – version : désigne un état d’un texte relatif à un lieu et différent d’un autre par la langue et, dans certains cas, une partie du contenu. Un même texte de coutumes peut avoir plusieurs versions successives.
- – témoin : désigne, comme habituellement, une unité documentaire correspondant à une version d’un texte. Il peut exister des variantes, parfois majeures, entre les témoins dans la mesure où il n’est pas établi qu’ils soient toujours issus les uns des autres.
- – copie : ne s’oppose pas à original car on ne peut considérer qu’il existe toujours et stricto sensu un original. Copie désigne donc un témoin qui est la reproduction à l’identique d’un autre.
La notion d’original n’est en général pas adaptée à ce type de texte dans la mesure où la mise par écrit peut être progressive, où les versions sont potentiellement indépendantes les unes des autres et où ses témoins peuvent présenter des différences correspondant à des ajouts ou des réorganisations. Dans la tradition, A est donc le témoin le plus ancien, si cela peut être déterminé, et/ou le plus complet et lisible. Les lettres suivantes sont attribuées aux autres témoins selon leur chronologie, lorsqu’elle peut être établie, et leur qualité. En l’absence de datation, de mention d’autorité à l’origine de la production du texte ou de toute indication permettant de proposer une datation resserrée, c’est uniquement par l’écriture qu’une évaluation chronologique, large, peut être proposée. Cette datation permet uniquement d’estimer le terminus ad quem d’un témoin. Les témoins inutiles sont les copies, signalées comme telles ou non, d’un témoin conservé. Certains textes sont uniquement parvenus jusqu’à nous par une ou des copies d’érudits des XVIIe-XIXe siècles, dans ce cas elles servent de témoins à l’édition. Les textes ont fait l’objet d’éditions, pour la plupart anciennes ; elles sont considérées comme inutiles sauf dans le cas où toute version manuscrite a disparu. Dans les autres cas, il n’est fait référence à ces éditions que lorsqu’il peut y avoir débat sur la restitution d’un mot ou d’un passage. Pour chaque édition d’une version, la note introductive précise les raisons des choix éditoriaux concernant les témoins utiles et inutiles.
Une édition critique normalisée : règles d’établissement du texte
L’édition des textes de coutumes est ici celle d’historiens. Elle est normalisée et non pas diplomatique au sens des philologues, ni fac similaire. Il n’y a pas d’observations philologiques dans les notes d’apparat critique. Les conventions d’édition se fondent pour l’essentiel sur celles de l’École des Chartes.
Lorsque plusieurs témoins, issus d’un même manuscrit ou les uns des autres, sont considérés comme utiles, un seul témoin le plus ancien ou le meilleur, est édité. Les autres témoins permettent de combler des lacunes et sont uniquement cités en apparat, le cas échéant. Lorsque plusieurs témoins sont utiles car ils présentent des différences, semblant indiquer des copies d’après des textes différents, l’édition fait apparaître une « version par défaut » fondée sur A et permettant de visualiser l’ensemble des variantes, de forme comme de fond, des autres témoins. Il est également possible d’afficher indépendamment chaque témoin dans son intégralité.
Afin de faciliter la lecture et le repérage ainsi que la comparaison entre les témoins, mais aussi les versions, a été reproduite et parfois créée une organisation du texte avec titres, intertitres et paragraphes, de même qu’une hiérarchisation éventuelle de ces derniers. Titres et intertitres peuvent être factices, ils figurent alors entre crochets. Lorsque le texte comprend une ou des énumérations de taxes, la présentation figurant dans le manuscrit a été retenue, soit qu’elle soit constituée d’alinéas successifs, soit qu’elle soit organisée en un ou plusieurs paragraphes. L’édition mentionne le changement de folio avec un lien vers le manuscrit numérisé le cas échéant.
Des options de lecture permettent de visualiser les interventions du scribe ; tels les mots supprimés qui apparaissent rayés à l’affichage ; tels les ajouts, en interligne ou à la marge, qui apparaissent surlignés en vert clair à l’affichage. Dans ce dernier cas, une note précise la localisation de l’ajout. Les variantes de forme, parfois très nombreuses, qui alourdissent l’apparat critique pour qui n’a pas l’utilité de leur lecture, sont masquées par défaut et une option permet de les afficher.
Si les abréviations sont restituées, elles peuvent être ponctuellement conservées et signalées par un « point » lorsque leur résolution n’est pas assurée. Ce peut l’être notamment pour certains noms propres. La graphie des nombres est respectée (chiffres romains ou en toutes lettres) sauf lorsqu’il s’agit de montants de taxes où, pour une meilleure lisibilité, ils sont systématiquement indiqués en chiffres romains et en petites capitales. Les dates sont reproduites telles qu’elles figurent dans le manuscrit. Dans les listes de taxes, les unités monétaires sont abrégées : ob. pour obulus ou obole, d. pour denarius ou denier ; s. pour solidus ou sou ; l. pour libra ou livre. En revanche, lorsque les termes sont employés dans une phrase, ils sont laissés en toutes lettres. Les abréviations ont été développées en suivant la forme la plus couramment utilisée dans le manuscrit lorsque le mot est écrit en toutes lettres.
Une majuscule figure au terme « Saint » ou « Sanctus » lorsqu’il s’agit d’un lieu, bâtiment ou du jour du saint. En revanche, le terme commence par une minuscule lorsque la référence est précédée du terme « fête ». Le système anthroponymique n’étant pas stabilisé pour la période du corpus, des choix ont dû être opérés. Les mots qui n’appartiennent pas à la langue du texte figurent en italique.
Dans les textes en français, l’accent figure uniquement sur le « e » tonique en fin de mot (é, és), y compris pour les copies tardives. Les mots agglutinés sont séparés. La cédille est restituée sous le « c » lorsque l’on souhaite lui donner la valeur phonétique de [s]. Le tréma est utilisé pour distinguer des homographes et signaler des hiatus.
Les textes sont ponctués de manière à ce qu’ils soient intelligibles pour un lecteur contemporain. Les points figurant éventuellement de part et d’autre des chiffres ne sont pas conservés. Lorsque qu’une copie moderne, voire contemporaine, a été utilisée en l’absence de témoins médiévaux, la graphie et la ponctuation en ont été respectées, même s’il est possible qu’il y ait eu modernisation du texte original.
Liste des abréviations et sigles utilisés dans l’édition
- – AD : archives départementales
- – AN : archives nationales
- – AM : archives municipales
- – BNF : bibliothèque nationale de France
- – BM : bibliothèque municipale
- – fr. : pour les manuscrits français de la BNF
- – lat. : pour les manuscrits latins de la BNF
- – nouv. acq. fr. : pour les manuscrits des nouvelles acquisitions françaises de la BNF